Zest, un bâtiment 100% nomade et autonome
C’est auprès d’Ideas Laboratory, un plateau d’innovation créé par le CEA, que le concept a été élaboré. Suite à la réalisation des premières études de faisabilité technique, la PME a signé un accord de partenariat avec l’IRT Nanolec dans le cadre du programme « valorisation des usages » afin de créer un premier prototype.
Zest 813 a vu le jour après une année de construction. « Ce module a été construit sur site et fabriqué sur fonds propres », précise Matthieu Delastre, chargé de recherche et d’innovation au sein de Groupe Brunet. « C’est un projet 100 % français. Pour l’heure, il est fabriqué par notre partenaire industriel, Axeis (Saint Sorlin en Bugey) », ajoute-t-il.
Une solution autonome, modulable et nomade
Le Groupe Brunet a mis en place une charte de l’éco-aménagement®, signée par l’ensemble de ses filiales, afin d’élaborer des projets valorisant son « savoir-faire, tout en préservant les hommes, l’environnement général et l’économie. Parallèlement, notre conscience s’éveillait sur la nécessité de réfléchir à de nouveaux modes de construction et d’aménagement pour répondre aux enjeux d’énergie et d’impact sur l’environnement », explique Jean-Pierre Brunet, actuel dirigeant du groupe.M. Delastre précise de son côté : « Partant du constat que nous consommons nos ressources de façon excessive et que les réseaux auxquels nous sommes raccordés sont coûteux et sources de déperdition importante, nous avons travaillé sur le développement d'une solution autonome ».
Zest est un concept clé en main : la surface de l’espace de vie est variable tandis que des modules techniques permettent d’être autonome en énergie, en eau, en connexions télécoms et informatique, ainsi qu’en traitement des eaux usées.
« Zest produit l’énergie nécessaire à ses usagers via des panneaux solaires et des éoliennes. L’usager est informé en temps réel via un système de leds de couleurs de la production d’énergie, de sa consommation et de l’état de la batterie » explique M. Delastre.
Une « box » assure la connectivité du bâtiment équipé du Wifi : « C’est grâce à cet équipement que l’on peut suivre la consommation de Zest en temps réel et assurer sa maintenance à distance ».
La production de l’eau passe par la récupération des eaux de pluie ou par la condensation de la vapeur d’eau qui se trouve dans l’air. « Dans le premier cas, on stocke les eaux dans des bacs et on la traite pour le lavage des mains, puis on la recycle. Pour l’eau potable on préfère utiliser un condenseur d’eau. En ce qui concerne la douche, elle fonctionne en circuit fermé avec un volume de 50 litres d’eau rejetés dans la nature après dépollution », précise le groupe.
Les modules, dénommés « Anywhere », sont dédiés à des fonctions spécifiques : anywhere zest energy®, anywhere zest water®, anywhere zest sewage®, anywhere zest connect®, anywhere zest garden®.
L’espace de vie, en bois, composites et isolants autour d’une structure acier, est conçu comme un origami. En moins de 48 heures, il est possible de monter ou de démonter le bâtiment.
« Pour 70 m2 d’espace de vie (et 14 m2 de modules techniques), il pèse 14 tonnes et peut être transporté par un semi-remorque » explique Matthieu Delastre.
Un projet français aux ambitions internationales
« Notre ambition est aujourd’hui de commercialiser et d’essaimer notre bâtiment 100 % autonome et modulable aux quatre coins de la planète », déclare Jean-Pierre Brunet.En effet, Zest a été conçu pour répondre aux besoins des particuliers, des entreprises, des ONG mais aussi des Etats, et ce sur les 5 continents. Le projet prétend s’adapter à son environnement et aux ressources disponibles.
« Il a pour vocation à être développé à l’international vers trois secteurs prioritaires : l’écotourisme, les équipements de première nécessité dans les zones dévastées par des catastrophes ou dans les pays en voie de développement, et les structures urbaines existantes » souligne Karim Bensiam, directeur général adjoint du groupe Brunet en charge du développement international.
Le groupe Brunet aurait déjà établi des contacts en Amérique du Nord et en Asie du Sud-Est. « En Afrique, nous rencontrons des problématiques de ressources financières, nous devons identifier les interlocuteurs qui sauront obtenir les financements » précise M. Bensiam.
R.C
Photos : ©Brunet