Une première turbine à gaz alimentée à 100 % par de l'hydrogène dévoilée
Frank Lacroix, directeur général adjoint d'Engie, qui fait partie du consortium Hyflexpower, a présenté cette réalisation comme une « première mondiale », soulignant « l’importance de cette avancée qui consiste à injecter 100% d'hydrogène dans une turbine à gaz pour produire de l'électricité ».
Cette prouesse technologique a été réalisée sur le site d'une papeterie située près de Limoges (87), en Haute-Vienne, et démontre que l'hydrogène peut jouer un rôle essentiel en tant que moyen flexible de stockage de l'électricité, similaire aux batteries.
Convertir l'hydrogène en éléctricité...
L'innovation repose sur la capacité à valoriser les surplus d'énergie renouvelable électrique sous forme d'hydrogène, puis à stocker cet hydrogène sur place pour le convertir en électricité lorsqu'il est nécessaire. Franck Lacroix explique que « l’hydrogène peut être stocké sur un site et valorisé sous forme d'électricité chez l'industriel ».
L'hydrogène utilisé dans cette expérience a été produit grâce à un électrolyseur installé sur le site de Smurfit Kappa, un fabricant d'emballages en papier situé à Saillat-sur-Vienne (87). Il a ensuite été stocké dans des réservoirs avant d'alimenter la turbine. Pour cette expérimentation, un modèle de turbine à gaz Siemens Energy SGT-400 a été utilisé, et son système de combustion a été adapté pour fonctionner à l'hydrogène, un peu comme si l'on remplaçait le carburateur d'une voiture thermique.
...pour décarboner plus facilement des sites industriels
L'utilisation de l'hydrogène dans une turbine à gaz présente toutefois des défis techniques, tels que la résistance des matériaux et le revêtement de la chambre de combustion, ainsi que des réglages spécifiques pour contrôler la combustion. En effet, contrairement au gaz traditionnel, l'hydrogène possède une flamme « plus rapide et plus chaude », ce qui rend sa gestion plus complexe en matière de sécurité.
« L’avantage à terme est de pouvoir convertir des parcs de turbines existants moyennant des modifications simples », selon Gaël Carayon, directeur du projet Hyflexpower chez Engie Solutions. Les premiers clients visés sont les cimenteries, la sidérurgie ou les raffineries, et de manière générale, « des industriels dont la décarbonation est complexe », selon Engie.
« L’étape de demain sera de produire non seulement de l'électricité mais aussi de la chaleur », complète M. Lacroix. À terme, cette technologie pourrait également s'étendre à des domaines tels que l'aviation et le transport maritime.
Le consortium qui a mené cette expérience, appelé Hyflexpower, associe non seulement des entreprises, mais aussi des entités académiques et de recherche, notamment le centre aérospatial allemand (DLR) et quatre universités européennes. Le projet a également bénéficié d'un financement substantiel de l'Union européenne.
Marie Gérald (avec AFP)
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