Une centrale qui ne dérangera que les sangliers.
L'élu, agriculteur en retraite, qui termine son quatrième mandat, est fier de son coup. Sûr des qualités d'ensoleillement de son site, c'est lui, avec son équipe municipale, qui est allé chercher des groupes intéressés pour investir sur une commune, qui abrite déjà une centrale électrique EDF sur la rive gauche de la Durance et un barrage hydraulique .
C'est à peine un mois après leur rencontre en novembre dernier, qu'Electrabel et Curbans signent une promesse de bail de trente ans renouvelable deux fois dix ans sous réserve d'une modification du plan local d'urbanisme. Electrabel, qui n'a pas encore obtenu d'autorisation auprès de l'administration française, investira entre « 150 et 250 millions d'euros » sur le site, en fonction de ce qui lui sera permis de réaliser.
Un investissement encore jamais consenti en France où le marché du photovoltaïque, bien qu'à la traîne par rapport au reste de l'Europe, est en plein essor. Les projets fourmillent et les groupes sont en quête de sites. « C'est une aubaine que la commune soit venue nous chercher car le lieu qui est situé en altitude, loin des regards, ne reçoit pas d'ombre, qui plus est dans la région la plus ensoleillée de France, affirme le responsable technique du projet chez Electrabel, Thierry Robot. Le développement des centrales photovoltaïques est tout neuf. Cela fait à peine plus d'un an que les industriels se sont vraiment lancés dans cette course. La tenue du “Grenelle de l'environnement” n'y est pas étrangère », explique-t-il encore.
En France, l'objectif de production d'énergie photovoltaïque s'élève à 150 MWc en 2010. Si le projet de Suez dans les Alpes-de-Haute-Provence voit le jour, il représenterait, à cette date et à lui seul, un tiers de la puissance hexagonale. Une fois opérationnelle, la centrale emploiera une quinzaine de personnes, ce qui permettra au site d'atteindre son seuil de rentabilité vingt ans après que le premier Watt aura été produit et vendu.
Un premier Watt qu'Electrabel aimerait commercialiser dès la fin 2009. Une bénédiction pour Curbans, d'autant que les panneaux solaires ne seront pas (ou presque) visibles depuis la vallée. Comme le résume ce chasseur autochtone qui voit le projet d'un bon œil : « Là où elle sera, cette centrale ne dérangera que les sangliers.»