Trois leviers d'action pour diviser par deux les consommations d'énergie d'ici 2050
L'objectif ambitieux pour la France, de réduire de 50 % sa consommation énergétique finale d'ici 2050, « représente une véritable opportunité, et même une nécessité », selon la Fondation Terra Nova, « d'un point de vue social, environnemental et économique, mais également un défi qui doit mobiliser de nombreux acteurs publics, privés, et de la société civile ».
C'est pourquoi, la Fondation s'est attachée, dans une note publiée ce vendredi et signée par trois auteurs Pierre Musseau, Antoine Guillou et Esther Jourdan, à défendre cet objectif devenu « la bête noire de plusieurs organisations patronales », lors du débat sur la loi transition énergétique.
Selon cette Fondation, si l'objectif de 2050 n'a pas été remis en cause par les sénateurs, ces derniers ont « substitué à l’objectif de baisse des consommations de 20 % d’ici 2030, une cible de réduction de l’intensité énergétique de 2,5 % par an à horizon 2030, un objectif nettement moins ambitieux, et de nature à compromettre la possibilité d’une division par deux des consommations d’ici 2050 ». Il était donc temps pour elle de réagir pour donner dès maintenant un « coup d'accélérateur et pas après 2030 ».
Agir en priorité sur les transports
Dans leur note, les auteurs affirment que la baisse des consommation d'énergie n'est pas incompatible avec la croissance économique. Bien au contraire : « Comme le montrent d’autres travaux macroéconomiques, notamment ceux portés par l’ADEME et l’OFCE4, les bénéfices pour le PIB seront d’autant plus importants que les efforts d’efficacité énergétique seront tirés par des investissements dans des secteurs comme la rénovation énergétique ou les transports publics, des secteurs plus intensifs en emplois que ceux de l’industrie énergétique traditionnelle ».
La Fondation propose notamment de décliner l'objectif de réduction de la consommation « par secteur, de manière précise ». « C'est avant tout dans les transports, que la baisse des consommations pourrait être la plus rapide », précisent les auteurs qui tablent sur une baisse moyenne de 1,5 % par an. Pour cela, « il faudrait une réduction d’ici 2030 des consommations moyennes d’énergie par kilomètre parcouru de 40 % ».
Enfin, les auteurs suggèrent d'agir sur l'urbanisme, en cherchant à rapprocher les zones d'activités des zones résidentielles afin de réduire les déplacements des habitants, et donc leur consommation d'énergie.
Vers une obligation de travaux de rénovation énergétique
Second levier d'action, indispensable, les logements : « l’objectif global de 2030 pourrait être atteint avec une baisse également de -1,5 % par an ». Pour cela, deux « politiques sociales du logement pourraient (...) favoriser une baisse,même si elle resterait modeste » : la construction de logements sociaux, à très faible consommation et la politique de rénovation pour les ménages en précarité énergétique.
« Un tel objectif ne sera atteint qu’en partie par des rénovations en profondeur, expliquent les auteurs. L’essentiel se fera au fil de l’eau grâce à la diffusion des nouvelles technologies de chauffage plus performantes, mais aussi par une amélioration de la performance énergétique du bâti à l’occasion des travaux de rénovation. (…) A long terme l'instauration d’une obligation de travaux permettra d’atteindre des objectifs d’efficacité énergétique ambitieux dans le bâtiment ».
Doubler les rénovations dans le secteur production
Enfin, le dernier levier d'action concerne le secteur production, c'est-à-dire les bâtiments tertiaires et les sites industriels, ainsi qu'une partie du secteur agricole.
« Si les rythmes d’efficacité énergétique précédemment cités pour les transports et les logements sont atteints, alors il suffirait que l’ensemble des secteurs productifs voient leur consommation baisser de 1 % par an d’ici 2030 puis de 2 % par an d’ici 2050 »,
Selon la Fondation, la relance de l’investissement en mobilisant les financements de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et des instruments adaptés pourrait permettre de doubler les rénovation sur le secteur, d'économiser 20 % d'énergie et « contribuer à amortir la forte crise que connaît actuellement le secteur du bâtiment ».
C.T
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