Souveraineté énergétique du pays : les énergies renouvelables sur le banc de touche
Le gouvernement serait-il en train de faire l’autruche ? C’est en tout cas ce que semble vouloir dire le Syndicat des Énergies Renouvelables (SER), après avoir constaté le peu d’importance que le gouvernement accorde au rôle des énergies renouvelables dans la souveraineté énergétique du pays.
Dans son projet de loi relatif à la souveraineté énergétique qu’il a présenté au Conseil national de la transition écologique, l’exécutif fait l’impasse sur le rôle central que doivent jouer les énergies renouvelables afin de réduire la dépendance du pays aux énergies fossiles. Pourtant essentielles à l’accomplissement de cette entreprise, leur rôle a été complètement ignoré par l’exécutif, selon le SER.
Un constat d’autant plus surprenant puisqu’en 2023, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher avait mené une consultation des parties prenantes à travers la mise en place de groupes de travail dédiés. Et qu’au sortir de ces consultations, l’ensemble des modélisations (RTE, ADEME) montraient que la souveraineté énergétique de la France est impossible à atteindre sans un développement massif des énergies renouvelables.
« Le texte, en l’état actuel, est profondément irrespectueux du rôle que le secteur et les filières industrielles que nous représentons devront jouer pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles. Si le Gouvernement cherche légitimement à former une majorité autour de son texte, cela ne peut pas se faire au détriment des données objectives mises en exergue au cours de la consultation publique de décembre 2023. Nous devons cet effort de sincérité aux parlementaires et à nos concitoyens. Il est temps d’arrêter d’avoir les énergies renouvelables honteuses », a déclaré Jules Nyssen, président du SER.
La part belle au nucléaire, au détriment des renouvelables
Le SER déplore dans ce projet de loi l’abandon de « toute ambition pour les énergies renouvelables en revenant en arrière par rapport à la loi actuelle ». Ce texte supprime également toute référence à des objectifs chiffrés de développement des énergies renouvelables, à l’exception de la chaleur et du froid.
Il est également question, dans ce projet de loi, de la relance du nucléaire, y compris sur son volet industriel. Le SER regrette ainsi que le renouvelable ne soit considéré comme un simple supplétif au nucléaire, et non comme l’élément clé de la souveraineté du pays qu’il constitue, que ce soit à court ou à long-terme.
Près d’un mois après la conclusion de la COP 28 à Dubaï, au cours de laquelle 118 pays se sont engagés à tripler le volume d’énergies renouvelables, le SER « appelle le Gouvernement à revenir à la raison en incluant dans le texte un objectif clair de 45 % d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique d’ici 2030. Ne pas opposer nucléaire et renouvelables ne signifie pas qu’il faille éliminer l’un des termes de l’équation ».
Jérémy Leduc
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