Révolution verte dans le BTP : matériaux, réglementations et méthodes durables

« Les études sont relativement anciennes, elles datent d’il y a deux ans. Mais on estimait qu’en France, sur les 200 000 logements construits chaque année, la part de bâtiments construits en béton de chanvre représentait 0,7 % de part de marché de la construction neuve », expose le président de Construire en chanvre, Vincent Hannecart.
- Les nouvelles réglementations environnementales, avec un focus sur la RE2020.
- Les matériaux écologiques et recyclables, qui séduisent de plus en plus les professionnels.
- Les techniques de construction visant à réduire significativement l’empreinte carbone des bâtiments de demain.
Plongeons ensemble dans cet univers où l’innovation rencontre la préservation de notre planète.
Les Nouvelles Réglementations Environnementales en France : focus sur la RE2020, HQE...
Un tournant réglementaire majeur
Avec la RE2020 - introduisant l'analyse du cycle de vie (ACV) et des objectifs bas carbone, - « les matériaux biosourcés répondent à cet enjeu puisqu’ils ont un très faible impact environnemental grâce au stockage du carbone. La photosynthèse des matières végétales leur permet par ailleurs de produire très peu d’émissions de CO2, ce qui est plutôt favorable dans le calcul des FDES », explique Olivier Joreau, président de l’Association des Industriels de la Construction Biosourcée (AICB).
Les nouveaux repères
- RE2020 : Cette réglementation, qui succède à la RT2012, va encore plus loin dans la réduction des émissions carbone.
- Certifications & labels : HQE (Haute Qualité Environnementale), BREEAM, LEED ou encore E+C-. Ces labels, bien que différents, partagent un même objectif : améliorer la performance énergétique et environnementale des bâtiments.
- Bbio : Déjà présent dans la RT2012, cet indicateur devient central. Il mesure la capacité d’un bâtiment à exploiter intelligemment son environnement (exposition au soleil, inertie thermique, ventilation).
Ce que ça change sur le terrain
- Une meilleure anticipation : ce qui évite l'improvisation en cours de chantier. Désormais, les entreprises doivent justifier leurs choix techniques dès la phase de conception.
- Coût et rentabilité : Certains maîtres d’ouvrage constatent un surcoût initial, mais celui-ci est souvent compensé sur le long terme par des économies d’énergie et une meilleure valorisation du bien.
- Retour d’expérience : Selon l’ADEME, la RE2020 vise une réduction de 30 % de l’empreinte carbone du bâtiment d’ici 2030.
Matériaux Écologiques et Recyclables : de la paille au béton recyclé, panorama et témoignages
Le retour en force des matériaux naturels
L’attrait pour les matériaux biosourcés dépasse désormais le cercle des autoconstructeurs et intéresse même de grands groupes du BTP.
1. Un panel de solutions variées
→ Biosourcés : Bois, chanvre, ouate de cellulose, liège…
- Atout : Renouvelables, légers et excellents isolants.
- Limite : Un coût parfois supérieur aux isolants conventionnels.
→ Géosourcés : Terre crue, pierre, briques de terre compressée (BTC)…
- Avantage : Très faible impact environnemental, surtout si exploités localement.
- Frein : Manque de formation et de filières structurées.
→ Recyclés : Acier recyclé, granulats de béton recyclé, verre, briques de réemploi…
- Point fort : Diminue l’extraction de ressources vierges.
- Obstacle : Contraintes techniques et adaptation des process industriels.
2. Des bénéfices concrets
- Un impact carbone réduit : Plusieurs études montrent que l’utilisation de matériaux biosourcés, comme le bois ou le chanvre, permet de réduire jusqu’à 40 % les émissions de CO₂ par rapport aux solutions conventionnelles.
- Un meilleur confort intérieur : « La ouate de cellulose est très efficace pour tempérer l’atmosphère de nos maisons en été, sans avoir recours à des climatiseurs énergivores », illustre Jean-Michel Boeuf, président de l’Ecima.
- Un argument marketing puissant : « On voit que le carbone est devenu une priorité pour des acteurs majeurs de l’industrie immobilière (…) Le marché commence à se structurer, l’immobilier bas carbone n’est plus une niche, c’est un mouvement général », commentait Stanislas Pottier, senior advisor de la direction générale d’Amundi et président de l’association BBCA, lors du forum BBCA en 2021.
3. Coût et rentabilité
- Un surcoût à l’achat : Certains isolants biosourcés coûtent entre 10 % et 20 % de plus que leurs équivalents conventionnels.
- Des économies sur le long terme : Grâce à de meilleures performances énergétiques, les factures de chauffage et de climatisation sont réduites.
- Des aides financières : Certaines collectivités et dispositifs comme les CEE (Certificats d’Économies d’Énergie) ou les aides de l’ADEME encouragent l’usage de matériaux plus durables.
Techniques de construction pour réduire l’empreinte carbone : conception bioclimatique, préfabrication, BIM...
Chaque détail compte sur un chantier
Au-delà du choix des matériaux, les méthodes de construction jouent un rôle crucial dans la réduction de l’empreinte carbone.
1. Conception bioclimatique
- Principe : S’appuyer sur les atouts naturels du site (exposition au soleil, ventilation) pour minimiser les besoins en chauffage et climatisation.
- Exemple concret : l'architecte Loïc Daubas, de l’agence Belenfant Daubas, préconise en autres d’appliquer la ventilation naturelle générée par le renouvellement d’air la nuit, mais uniquement par la maîtrise des ouvrants. « Les bâtiments, s’ils ne sont pas occupés, il y a risque d’intrusion quand il faut laisser les fenêtres ouvertes », nous développe-t-il, dans un dossier spécial climatisation.
2. Bâtiments passifs et à énergie positive (BEPOS)
- Le standard Passivhaus : Requiert une isolation ultra-performante et une étanchéité à l’air rigoureuse, ce qui demande une grande précision d’exécution.
- Les BEPOS (Bâtiments à Énergie Positive) : Ils produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment, grâce à des solutions comme le photovoltaïque, le solaire thermique ou la géothermie.
- Un modèle rentable : Dans certains écoquartiers, le surplus d’énergie peut même être revendu, améliorant la rentabilité du projet.
3. Des méthodes de chantier à faible impact
- Préfabrication en atelier : ce qui évite les allers-retours en termes de transport. Selon l’ADEME, cette méthode permettrait de réduire de 50 % les déchets sur site.
- Gestion des déchets : Le tri sélectif devient obligatoire sur les chantiers de plus de 40 m².
- Optimisation logistique : Mutualiser les transports et privilégier le fret ferroviaire ou fluvial réduit considérablement les émissions liées aux déplacements.
4. Le BIM, un outil clé pour une meilleure planification
→ BIM (Building Information Modeling) :
- Permet de concevoir l’ouvrage en 3D et d’anticiper les problèmes techniques avant la construction.
- Aide à optimiser les quantités de matériaux commandés, limitant ainsi le gaspillage.
→ GTB (Gestion Technique du Bâtiment) :
- Une fois livré, le bâtiment peut être piloté intelligemment pour suivre en temps réel ses consommations énergétiques et optimiser la maintenance.
Conclusion générale : construire un futur plus vert
Avec la RE2020, les matériaux écologiques et les techniques de construction innovantes, le secteur du BTP entre dans une nouvelle ère.
Quelques perspectives :
- Cap sur 2030 : Les engagements climatiques nationaux et européens poussent les acteurs du secteur à accélérer leur transition.
- Un avantage concurrentiel : Les entreprises qui anticipent ces changements auront un vrai coup d’avance.
- Un défi collectif : Architectes, ingénieurs, artisans, promoteurs… Chaque acteur a un rôle à jouer dans cette transformation.
Mot de la fin :
Nous vivons un tournant décisif dans le secteur de la construction. L’évolution des réglementations, l’essor des matériaux biosourcés et l’adoption de nouvelles méthodes plus responsables dessinent un avenir où performance et durabilité vont de pair.
Ressources & Liens utiles :
- ADEME : études et guides sur la transition écologique.
- CSTB : publications techniques et scientifiques.
- Ministère de la Transition Écologique : pour suivre l’évolution de la réglementation.
- Base INIES : Référentiel des Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire des matériaux.