Rapport du GIEC : les mesures contre le réchauffement climatique « insuffisantes »
Elle a été approuvée par les délégations de 195 pays membres, au terme d’une semaine de réunions à Interlaken, en Suisse. La synthèse du sixième rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a été rendue publique le 20 mars. La note clôture un cycle de rapports élaborés depuis 2015, et sert de « résumé pour les décideurs ». Résumé par lequel l’instance scientifique retrace l’état des connaissances sur le changement climatique, ses conséquences et ses changements.
Pour rappel, le GIEC enregistre +1,1°C de réchauffement climatique par rapport à l’ère industrielle (1850-1900), dont +1,07°C attribué à l’activité humaine. Le niveau de la mer a monté de 20 centimètres entre 1901 et 2018, tandis que la concentration en CO2 est la plus haute depuis au moins 2 millions d’années. Les populations vulnérables seraient celles qui ont le moins contribué au changement climatique actuel. Un paradoxe affectant entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes, réparties entre les régions d’Afrique, d'Asie, d'Amérique centrale ou du Sud, de l’Arctique ou de petites îles, estime le GIEC.
Certes, beaucoup de pays affichent leurs ambitions de neutralité carbone d’ici 2050 - dont les États membres de l’Union européenne. Le GIEC déplore cependant un écart entre les promesses et les actes. Dans un scénario où l’écart persisterait, le niveau de réchauffement à craindre en 2100 serait de +3,2°C, franchissant la barre des +1,5°C fixée par l’Accord de Paris. Afin de maintenir ce seuil, les émissions devront être réduits de près de moitié par rapport aux niveaux de 2019.
Quelles solutions dans le BTP contre le réchauffement climatique ?
« Les tendances actuelles ne sont pas du tout compatibles avec la stabilisation du réchauffement, qui permettrait d'assurer un monde vivable et équitable. Des efforts qui ont été faits, mais ils n'atteignent pas l'échelle suffisante pour une baisse suffisamment rapide des émissions de gaz à effet de serre », conclut Valérie Masson-Delmotte, climatologue et co-présidente d’un groupe du travail du GIEC, auprès de France Info.
Optimiste, l’experte note toutefois des solutions. Si on ne devait qu’en retenir deux pour le secteur du bâtiment, fortement émissif et énergivore, l’accent serait d’abord mis sur la transition énergétique, tant sur le bâti que les industries du BTP.
« Sur l'énergie, la priorité est de sortir du charbon et de déployer au maximum tout ce qui permet de produire de l'électricité bas carbone. Dans les options évaluées, le photovoltaïque et l'éolien ont le plus fort potentiel d'émissions de gaz à effet de serre évitées, pour un coût abordable. Mais il y a bien sûr beaucoup d'autres leviers d'action, comme le nucléaire ou l'hydroélectricité, qui ont cependant l'inconvénient de ne pas être accessibles partout dans le monde », développe Valérie Masson-Delmotte. Un discours en diapason avec le gouvernement français, qui a vu son projet de loi d’accélération des énergies renouvelables publié récemment au Journal Officiel.
Autre enjeu moult fois évoqué : l’adaptation du bâtiment au dérèglement climatique par une meilleure isolation, pour une meilleure sobriété énergétique, par exemple. Mais plus que l’isolation ou le remplacement d’un système de chauffage, c’est la rénovation globale des bâtiments qui est encouragé par le secteur, tant sur fond de crise climatique, que de crise énergétique. Si la hausse du budget consacré à la rénovation énergétique n’a cessé de faire débat courant novembre dernier, des revalorisations des montants d’aides MaPrimeRénov’ ont été annoncées début février.
Virginie Kroun
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