Quel futur pour les labels Effinergie ?
Ils sont huit labels Effinergie, représentant 72 974 opérations sur le territoire national - dont 70 580 en logements et 2060 en tertiaire – à avoir été analysés en décembre par l’Observatoire BBC.
41 000 logements concernés par une rénovation BBC-Effinergie
Les labels BBC-Effinergie rénovation et Effinergie rénovation battent des records en 2021. Période à laquelle 41 000 logements sont impliqués dans une rénovation BBC-Effinergie, soit une hausse de demandes de 48 % par rapport à 2020, et de 20% comparé à 2018 - année de référence, avec 34 000 demandes.
Le résidentiel concentre la majorité du marché de la rénovation, c’est-à-dire 85%, avec 3 625 opérations. Sur plus d’une décennie, le label regroupe plus 277 600 logements en cours de certification.
Dynamique portée par les 3 092 programmes de logements collectifs (271 646 logements), soit 97,6% de l'ensemble, alors que l’individuel ne représente que 2,4 % des logements rénovés basse consommation. Le constat se confirme, quand on voit que les logements collectifs et ceux groupés, progressent en 2021 respectivement de 37 % et de 35 % par rapport à 2020. Pendant ce temps, la rénovation basse consommation des maisons en secteur diffus recule de 19 %, à 34 opérations, contre 42 en 2020.
Sur le dernier trimestre 2021, 7 maisons en secteurs diffus et 10 nouvelles opérations de logements groupés ont déposé une demande de rénovation BBC, représentant un total de 163 logements. 120 opérations de logements collectifs se sont engagées dans une rénovation basse consommation. 56 opérations ont été certifiées, soit 6 053 logements, dispersés entre 53 programmes collectifs et 3 maisons individuelles.
Le lancement du nouveau label d’Effinergie en rénovation, Basse Consommation et Bas Carbone en octobre 2021, a dû soutenir la demande, tout comme le succès de MaPrimeRénov' - comme constaté ce mois de janvier par l'Anah. 5 bâtiments sont engagés dans ce label, plus précisément 13 logements groupés de la Cité du Raulin à Vains (50), 24 logements à Saint Hilaire du Harcouet (50) ainsi que 39 logements de la résidence Paris-Vaugirard (75).
Sur le territoire, 77% des opérations, soit 81% des logements, rénovées au niveau BBC s’implantent en Île-de-France (n=1 096/3625), Auvergne Rhône Alpes (n=516/3625), Hauts-de-France (n=358/ 3625), Grand Est (n=358/3625) et en Normandie (n=321/3625). Les logements groupés sont plus présents dans les Hauts-de-France (37%) et la Normandie (30 %). Les maisons en secteur diffus rénovées s’étalent sur différentes zones de l’Hexagone, entre le Pays de la Loire (n=80/281), les Hauts-de-France (n=55/281), l’Auvergne-Rhône-Alpes (n=35/281) et l’Île-de-France (n=25/281).
+33 % des projets tertiaires soutenus par les labels Effinergie
Côté tertiaire, les labels rénovation Effinergie rassemblent 528 opérations et 4,16 millions de m2 de territoire en France. Et ce après une hausse de 33 % des engagements au label BBC-Effinergie rénovation par rapport à 2020, c’est-à-dire 36 nouvelles opérations englobant 200 000 m2 de surface.
Trois chantiers se démarquent d’après l’Observatoire BBC : la rénovation de bureaux Avenue Hoche à Paris (75), les bureaux Erdrerie 1 et 2 à Nantes (44) ainsi que le village d’enfants à Chinon (37).
Le label est en majeure partie soutenu par la maîtrise d’ouvrage privée, amassant 85% des opérations, soit 92% de la surface en tertiaire. 90 % des projets sont des bâtiments de bureaux, tandis que les hôtels (n=14/449) et les établissements d’enseignement (n=12/449) se partagent les miettes.
La maîtrise d’ouvrage publique, qui réunit une 15 % des travaux de rénovation, se consacre essentiellement aux bâtiments d’enseignements (n=28/79) et de bureaux (n=36/79). L’observatoire BBC « constate également que la surface des bureaux rénovés sous maîtrise d’ouvrage publique (5 102 m2) est inférieure à celle des bureaux sous maîtrise d’ouvrage privée (9200 m2). Ce résultat s’explique en grande partie par la typologie des bâtiments rénovés (bureaux de mairie versus bureaux d’entreprises) ».
Au niveau géographique, 67 % des bâtiments et 83 % de la surface engagée par les opérations tertiaires BBC Effinergie rénovation se trouvent en Ile-de-France. Paris (n=202/330) et les Hauts de Seine (n=97/330) sont les plus concernés.
Fin de vie pour le label Effinergie+ ?
L’Observatoire BBC en profite également pour faire un point sur le label Effinergie+. Au dernier trimestre 2021, il enregistre, depuis sa création, 74 429 logements répartis sur 1 408 bâtiments.
96% des logements et 76% des opérations Effinergie+ concernent les programmes de logements collectifs. Les logements groupés représentent 15 %, avec 208 bâtiments regroupant 2 966 habitats qui ont déposé une demande. Les logements individuels représentent un total de 3 100 logements individuels. 134 maisons individuelles en secteur diffus ont été concernés par ce label, soit 9% des projets Effinergie+ en France.
Avec 2 400 logements répartis sur 46 opérations en 2021, le label Effinergie+ observe cependant une baisse de 50%, que ce soit en collectif comme en individuel. Et ce bien qu’au dernier trimestre, 17 nouvelles demandes Effinergie+ ont été déposées, portant précisément sur 1 235 logements répartis sur 18 opérations de logements collectifs.
Dans le tertiaire, le label bat également de l’aile, et ce depuis trois ans. Après une baisse de 45 % en 2018, de 55 % en 2019 ainsi qu’une stabilisation à 16 opérations en 2020, les nouveaux projets de rénovations tombent à 10 en 2021. Force est donc de constater que le label Effinergie+ ne pourra plus être sollicité, notamment pour les demandes permis de construire du résidentiel, déposées après le 31 décembre 2021.
Géré majoritairement par la maîtrise d’ouvrage privé (85%), les projets tertiaires Effinergie+ concentre pour ses trois quarts des bureaux, suivi des bâtiments d’enseignements (15 %). Les derniers 11 % s’éparpillent entre les plateformes logistiques (n=7), l’industrie (n=6), l’hôtellerie (n=6), les salles multisports (n=4), la santé (n=2), les commerces ou la culture (n=1).
Plus de la moitié ce parc se trouve dans Paris et la petite couronne. En témoignent les deux travaux déposés au dernier trimestre : les bureaux sur le Port de Pantin (93) et la restructuration de la Samaritaine à Paris (75).
Le constat est un peu plus nuancé dans le résidentiel. Les logements collectifs sont certes 62 % à se situer en zone francilienne, mais 72 % des maisons en secteur diffus Effinergie+ (n=134) sont à 72% dans un quart sud-ouest de la France. En particulier dans la Nouvelle-Aquitaine, où 66 opérations Effinergie+ ont été lancées. Pour ce qui est des programmes de logements groupés, c’est le jeu d’équilibriste entre la Nouvelle Aquitaine (n=67/208, 796 logements) et l’Île de France (n=59/208, 1002 logements).
Le Bepos-Effinergie 2013 éclipsé par les labels Effinergie 2017
Autre label auquel ne pourront plus faire appel les projets résidentiels aux demandes de permis déposées après 31 décembre 2021 : Bepos-Effinergie 2013. Le bât blesse pour le label historique, qui, au cours de huit ans d’existence, a cumulé 3179 logements pour 103 opérations. Parmi ces travaux, on trouve 157 logements individuels et 3 022 logements collectifs.
Même si cette dernière catégorie résidentielle occupe 64 % des demandes Bepos-Effinergie, elle recule en 2021, regroupant une maison et un programme de 16 logements collectifs. « A titre de comparaison, 670 logements s’engageaient chaque année dans un label Bepos Effinergie 2013 durant les années 2014-2017 », mentionne l’Observatoire BBC.
Pareil pour le parc tertiaire, où Bepos-Effinergie 2013 dépasse à peine les 30 opérations sur la période 2015-2021, même cumulé avec Bepos et Bepos+ Effinergie 2017. Ces derniers pourraient même apporter le coup de grâce au label 2013, tout comme les contraintes invoquées par l’application récente de la RE2020, qui modifie le visage de la construction neuve.
Il faut dire que les labels Effinergie 2017 continuent de battre des records, du haut de leurs 11 086 logements, répartis sur 238 bâtiments. Le dispositif fait la part belle aux logements collectifs, au nombre total de 10 544, contre 542 logements individuels. Cela se confirme en 2021, marquée par une croissance de 8% par rapport à 2020 (n=2 472 logements) et de 3,8% par rapport à 2019 (n= 2 580 logements).
« Ces résultats sont en adéquation avec l’évolution à la hausse du nombre de permis de construire déposé sur l’année 2021 en sortie de crise sanitaire », commente l’Observatoire BBC.
En parallèle, les constructions de logements groupés regroupent 18,5% des labels Effinergie 2017, soit 522 logements. Sur le dernier trimestre 2021, 8 nouvelles demandes de labels Effinergie 2017 ont été déposées. Parmi celles-ci, on dénombre 403 logements répartis entre cinq bâtiments Bepos Effinergie 2017 et trois projets BBC Effinergie 2017.
Dans le tertiaire, ce sont 174 bâtiments engagés dans une certification, soit 1 383 505 m2 de sur surface dans l’Hexagone. « Le nombre de dossiers est en recul de 20% par rapport à 2020, notamment sur le label BBC Effinergie 2017 alors que la mobilisation sur les labels Bepos et Bepos+ Effinergie 2017 demeure identique entre 2020 et 2021 », observe le rapport. L’engouement n’est pourtant pas le même d’un label Effinergie 2017 à un autre. Si 54 % des projets tertiaires adhèrent au label BBC Effinergie 2017, 34 % s’engagent dans un label Bepos Effinergie 2017, tandis que 12 % « visent l’excellence énergétique et environnementale » via le Bepos+ Effinergie 2017.
A contrario des autres labels de l’association, la répartition géographique varie indubitablement selon le bâtiment ou la maîtrise d’ouvrage sollicitée. Pour plus de détails, rendez-vous sur le rapport complet de l’observatoire BBC.
Virginie Kroun
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