PLF 2025 : 3 propositions d’Uniclima pour la rénovation énergétique des bâtiments
Le projet de loi de finances pour 2025 (PLF 2025), présenté par le Premier ministre Michel Barnier, est encore en examen à l'Assemblée nationale. Si l’heure est aux économies, et qu’un effort budgétaire de 60 milliards d’euros est nécessaire pour le redressement des finances publiques, plusieurs secteurs sont inquiets d’éventuelles coupes budgétaires qui pourraient venir les impacter.
Les professionnels des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques, représentés par le syndicat Uniclima, ne dérogent pas à la règle. Pour éviter que la rénovation énergétique des bâtiments ne prenne un coup dans l’aile, Uniclima attire l’attention du gouvernement et des députés de la République sur quelques points clés pour une relance réussie, à budget maîtrisé. Non seulement pour l’industrie mais aussi pour toute la filière du bâtiment.
« Les fabricants réunis au sein d’Uniclima ont bien conscience que le budget de l’État n’est pas extensible et qu’il faut trouver un fragile équilibre. Cependant, Uniclima reste convaincu qu’investir dans la rénovation énergétique est bénéfique à plus d’un titre car cela permet de soutenir la fabrication d’équipements majoritairement français et de créer des emplois non délocalisables au sein des PME d’installateurs et de maintenance présents sur l’ensemble du territoire », réagit Stanislas Lacroix, président d’Uniclima et porte-parole de 70 industriels du génie climatique, pour 87 usines en France et 23 500 emplois.
Il ajoute : « Cet investissement permet également d’améliorer le confort de vie des ménages, notamment les plus modestes, qui ne peuvent entreprendre ces travaux sans soutien financier public, et enfin, d’atteindre les objectifs de décarbonation de la France ».
Des mesures qui ne sont pas de nature à rassurer
Uniclima ne s’est pas uniquement attelé à faire des propositions pour une relance dynamique de la rénovation énergétique des bâtiments. Le syndicat s'est également inquiété de certaines mesures envisagées dans le PLF 2025.
Au cœur des débats de l’Assemblée, on retrouve par exemple le relèvement du taux de TVA sur les chaudières à 20 %, qui a pour objectif de ralentir le remplacement d’anciennes chaudières par des équipements plus performants (THPE ou autre).
Une mesure qui peut s’avérer contreproductive, puisque dans de nombreuses situations, les ménages devant remplacer leur chaudière en panne n’ont pas d’autres alternatives techniques la chaudière THPE.
Le syndicat rappelle également que ce ne sont pas les chaudières qui sont carbonés, mais le combustible utilisé. Avec la montée des biocombustibles (biométhane et biofoul F30 à F100), le gaz, y compris le fioul, sont en train d’évoluer vers la décarbonation et les chaudières actuelles sont d’ores et déjà compatibles avec tous ces combustibles. C’est pourquoi Uniclima appelle à ne pas pénaliser les chaudières, mais plutôt à encourager la transition vers un biocombustible, dans le cas où il sera difficile d’utiliser un autre équipement.
Pour ce qui est des solutions de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire peu carbonées, comme les pompes à chaleur, le gouvernement ne semble pas savoir sur quel pied danser. En effet, le syndicat peine à comprendre que ce type de solutions soient d’un côté promues, et de l’autre, fortement pénalisées avec l’arrêt du bouclier tarifaire sur l’électricité au 1er février 2025, voire même avec une fiscalité en hausse.
Le tout pouvant pénaliser le marché des PAC, déjà en recul de plus de 46 %, et impacter les investissements industriels, sur lesquels se sont engagés les membres d’Uniclima dans le cadre du Plan 1 million de PAC.
Moins de subventions allouées à MaPrimeRénov’
MaPrimeRénov’ va également devoir se serrer la ceinture. La subvention versée par l’État pour financer le dispositif s’élèvera à 2,3 milliards d’euros en 2025, contre 3 milliards en 2024 après le coup de rabot de 1 milliard en début d’année. Il s’agit donc d’un retour proche du budget de 2023 (2,1 milliards) qui correspond à la réalité des crédits engagés en 2024.
« Nous comprenons la logique du gouvernement, dans la situation actuelle, de baisser l’enveloppe globale de MaPrimeRénov’ 2025 à hauteur des dépenses de 2024. Mais dans la mesure où le budget consommé en 2024 est le reflet d’un coup d’arrêt très net sur les marchés de la rénovation, les industriels craignent que ce niveau reste insuffisant pour parvenir à relancer l’activité, même si par ailleurs nous nous réjouissons d’avoir été entendus sur le maintien de l’éligibilité aux aides des gestes simples de rénovation, indispensables pour atteindre les objectifs de neutralité carbone d’ici 2050 », souligne Camille Beurdeley, déléguée générale d’Uniclima.
Trois propositions pour la relance du marché de la rénovation
Dans ce contexte et face à ces enjeux, les industriels d’Uniclima proposent au gouvernement trois mesures concrètes et adaptées au terrain, pour la relance du marché de la rénovation énergétique.
Uniclima propose dans un premier temps de créer un « Certificat de Conformité des pompes à chaleur air/eau », un outil bien connu des professionnels et qui a fait ses preuves dans d’autres domaines (comme pour le gaz). Ce certificat permettrait de simplifier les démarches, diminuer les fraudes, accélérer les versements des aides aux particuliers et redonner confiance. L’objectif est de simplifier, par un contrôle unique et efficace, la multitude des contrôles actuels, redondants et parfois même incohérents entre eux.
Le syndicat préconise également de créer un fonds dédié à la rénovation pour alléger le « reste à charge » des ménages, basé sur l’épargne des Français et à terme sur les ressources ETS 2 (Energy Trade System). Il serait géré par les banques ou organismes financiers qui délivreraient des prêts à taux bonifié (voire à taux zéro pour les plus modestes).
Enfin, Uniclima plaide pour une simplification des systèmes d’aides existants (MaPrimeRénov’, CEE) en assurant leur stabilité sur l’année 2025, et en ouvrant une large concertation avec la filière, dès début 2025, afin d’étudier des pistes de simplification et d’efficacité.
Jérémy Leduc
Photo de Une : AdobeStock
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