Néolithe propose de fossiliser des déchets pour en faire des granulats dédiés au BTP
La start-up Néolithe, née de la collaboration de deux jeunes ingénieurs et d’un tailleur de pierre, est partie d’un constat simple : en France, 30 millions de tonnes de déchets sont enfouies ou incinérées par an et sont responsables de 6 % des émissions de gaz à effet de serre. En parallèle, 400 millions de tonnes de granulats sont utilisées chaque années par le secteur de la construction.
Face à l’urgence climatique et au besoin d'accélérer la transition environnementale, elle propose une solution concrète : la fossilisation.
Produire des granulats écologiques
Ce nouveau procédé viendrait en remplacement des méthodes d’incinération et d’enfouissement pratiquées actuellement. Cette alternative consiste à réceptionner des déchets non-recyclés, à les transformer via le process Néolithe, sans émission de polluants, et enfin, à produire des granulats écologiques réutilisables dans le BTP (notamment dans les routes et les bétons). « Une méthode qui permet une valorisation de la totalité de la matière tout en étant près de 5 fois moins polluante que l’enfouissement ou l’incinération », précisent les fondateurs. Ce granulat est dit « anthropocite », en référence à la période de l’anthropocène, nouvelle ère géologique.
Nicolas Cruaud, co-fondateur de Néolithe, explique : « En créant un nouveau mode de traitement des déchets par fossilisation, nous avons par extension créé «l’après-histoire» des déchets. Alors qu’ils étaient, jusqu’alors enfouis ou incinérés, nous sommes désormais capables de revaloriser la totalité de cette matière en granulats minéraux. C’est alors que « l’après-histoire » prend tout son sens, ce terme faisant référence à la période de l’avènement de la pierre, matériau résultat de la transformation des déchets fossilisés ».
Naturellement écologique, la fossilisation permettrait ainsi l’économie de 80 % des émissions de CO2, traditionnellement liées au traitement des déchets. « Mis en place à l’échelle nationale, cela représenterait une réduction de 5 % de l’impact carbone français », souligne Nicolas Cruaud.
Le fossilisateur par Néolithe
Inaugurée à la fin du premier semestre 2021, cette technologie se fera à présent à échelle industrielle. En effet, cette transformation est effectuée grâce à un « fossilisateur », une installation mobile en containers qui permet de traiter les déchets au plus près de leur lieu de production, en une journée et sous réserve de la possibilité d’effectuer des branchements aux réseaux d’eau et d’électricité, évitant ainsi le transport des déchets ainsi que des granulats. Il peut traiter les déchets d'une ville de 5 000 habitants, rendant alors possible la relocalisation du traitement des déchets.
« Néolithe propose une nouvelle approche au traitement des déchets répondant à une logique d’économie circulaire. Ceci, dans une approche locale puisque chaque acteur, de l’industriel à la collectivité territoriale, est chargé lorsqu’il est équipé en fossilisateurs, de traiter ses déchets en respectant les conditions fixées par Néolithe », précise Nicolas Cruaud.
« En tant que tailleur de pierre depuis près de 45 ans, je suis un vrai passionné de ce matériau qui offre, depuis son plus vieil âge, beaucoup de possibilités d’exploitation. Avec Néolithe, nous arrivons à mixer les technologies de pointe industrielles et un savoir-faire qui, lui, est ancestral, au service d’une innovation éthique », conlut William Cruaud, co-fondateur de Néolithe.
Un fossilisateur peut être implanté sur n’importe quel terrain, dans la limite d’une installation par propriété, sur simple déclaration et sur le site service-public.fr.
Marie Gérald
Photo de une : Néolithe