Manubois et Bouygues Bâtiment se lancent dans un projet en hêtre lamellé-collé
Dans le cadre de la future RE2020, le bois a tous les atouts pour tirer son épingle du jeu, et la filière bois l'a bien compris, réaffirmant récemment ses engagements dans un plan « Ambition Bois-Construction 2030 ».
Alors que la RE2020 devra être mise en œuvre au 1er janvier 2022, les majors français de la construction prennent également conscience du rôle du bois pour construire plus écologique, et se disent prêts à investir dans la R&D. C'est notamment le cas de Bouygues Bâtiment France, qui ambitionne de construire 30 % de ses ouvrages en bois d'ici 2030.
« Notre stratégie est pragmatique, mettre du bois partout où l’on peut, en capitalisant sur un pôle d’excellence, les atouts innovants des solutions bois, la formation, et un club des partenaires », explique Fabrice Denis, directeur stratégie Construction Bois – Bouygues Bâtiment France Europe.
Bouygues Bâtiment France est d'ailleurs engagé dans la démarche WeWood et a créé un « pôle d'excellence bois » composé de 30 ingénieurs experts proposant des conseils et formations à l'ensemble des équipes.
Le géant du BTP annonce ainsi expérimenter, avec Manubois (filiale de Lefebvre), une solution de bois lamellé-collé structurels en hêtre. Cette innovation sera mise en œuvre sur un projet de bâtiment tertiaire, porté par le promoteur Linkcity, et qui sera construit à Rouen.
Le recours à du hêtre local
Manubois, filiale du groupe normand du groupe Lefebvre, produit depuis 30 ans du lamellé-collé abouté (LCA), principalement en hêtre. Jusqu'ici spécialisée dans la transformation de bois pour l'ameublement, l'entreprise se tourne aujourd'hui vers des solutions dédiées à la construction. L'entreprise a ainsi obtenu la certification « CTB » bois lamellé-collé à base de hêtre pour un usage en structure délivrée par le FCBA.
Si la France utilise encore principalement des bois résineux, moins chers mais souvent importés d'Europe du Nord et de l'Est, les bois feuillus comme le hêtre et le chêne sont les plus présents dans l'hexagone. La forêt française serait en effet composée à 70 % de feuillus, contre 30 % de résineux.
Manubois mise donc sur le hêtre et les circuits-courts, et s'approvisionne essentiellement dans les forêts de Seine-Maritime, exploitant ses ressources dans un rayon de 50 km pour réduire le bilan carbone de ses produits.
« Avec cette solution dédiée à la construction, nous utilisons des bois aujourd’hui peu ou mal valorisés, parce qu’ils comportent des nœuds par exemple, et contribuons ainsi à la bonne gestion des forêts », souligne Maxime Castel, prescripteur hêtre structurel chez Manubois.
Un bois aux propriétés mécaniques intéressantes
L'étude du FCBA a également permis de mettre en lumière les atouts du hêtre, présentant une meilleure densité et résistance mécanique que les bois résineux, devenant ainsi une alternative biosourcée intéressante en remplacement du béton ou du métal pour les lourdes charges.
Le projet à Rouen mettra ainsi en œuvre 36 m3 de hêtre lamellé-collé pour créer 70 poteaux. Cette opération tertiaire - la plus importante de la métropole – comprendra 2 bâtiments de bureaux représentant une superficie totale de 16 500 m2. Bouygues Bâtiment France précise qu'un premier bâtiment en R+7 et d'une superficie de 9 000 m2 devrait sortir de terre entre mars 2021 et mars 2023. Cette opération se veut avant tout exemplaire, avec le niveau BEPOS Effinergie 2017 et E3 du lavel E+C-. Elle vise également le label BBCA et la certification BREEAM Nouvelle Construction 2016, au niveau « Very good ».
Claire Lemonnier
Photo de une : TVK et AZ Architectes