Les États membres de l'UE s'accordent pour réduire la consommation d'énergie d'ici 2030
L'accord conclu ce vendredi 10 mars entre les négociateurs des États membres et le Parlement européen prévoit de réduire d'au moins 11,7 % la consommation d'énergie finale de l'UE en 2030, par rapport à la prévision d'un scénario de référence établi en 2020. De quoi compléter ses objectifs neutralité carbone.
Cette exigence a été relevée par rapport à la proposition de la Commission européenne (9 %), mais s'établit très en deçà de la baisse de 14,5 % réclamée par les euro-députés, pour tenir compte du choc énergétique provoqué par la guerre en Ukraine et réduire la dépendance européenne aux hydrocarbures importés.
Les entreprises les plus énergivores devront s'équiper d'un « système de gestion de l'énergie »
En moyenne, entre 2024 et 2030, chaque pays sera tenu de réduire d'environ 1,5 % par an leur consommation finale d'énergie, par rapport à la trajectoire qui était anticipée. Les économies d'énergie annuelles seront fixées à 1,3 % jusqu'à fin 2025 et devront progressivement s'intensifier jusqu'à 1,9 % fin 2030.
Sont notamment concernées les entreprises du bâtiment, de l'industrie et des transports, qui consomment plus de 85 térajoules par an. Elles devront s'équiper d'un « système de gestion de l'énergie » ou se soumettre à un audit régulier. Les centres de données informatiques doivent par ailleurs rendre des comptes sur leurs performances énergétiques, avec la possibilité d'utiliser la chaleur qu'ils dégagent pour chauffer d'autres bâtiments.
Dans chaque pays, le secteur public devra réduire sa consommation d'énergie de 1,9 % par an. Les États seront tenus de rénover chaque année au moins 3 % de la surface totale des bâtiments publics, au niveau national mais également régional et local, afin d'éviter le maximum de déperditions d'énergie et d'émissions carbone.
L'accord prévoit également l'amélioration des plans locaux de chauffage et de refroidissement dans les villes de plus de 45 000 habitants, notamment en bannissant progressivement les carburants fossiles pour les nouvelles infrastructures.
Les logements sociaux, quant à eux, seront dispensés d'atteindre ces objectifs, contrairement au souhait des eurodéputés.
Si ce nouvel est accord tend à avancer dans la lutte contre le changement climatique et affirmer la souveraineté énergétique de l'UE, elle déçoit les eurodéputés mais également la CAN, coordination d'ONG environnementales, qui réclamait une réduction de 20 % d'ici 2030. Un objectif « nécessaire pour respecter les obligations de l'Accord de Paris » sur le climat.
« Les responsables politiques n'ont pas réussi à adopter une position significative pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles », commente-t-elle.
Marie Gérald
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