Le rapport, publié fin août par l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), souligne qu’environ 86 % (187 gigawatts) de la capacité renouvelable mise en service en 2022 avait un coût inférieur à celui de l’électricité produite à partir de gaz et de charbon.

Une compétitivité qui a eu de nombreux bénéfices pour le secteur mondial de l’électricité. L’an dernier, les renouvelables lui ont permis d’économiser 520 milliards de dollars sur le coût des combustibles, grâce aux nombreux sites de production installés dans le monde depuis 2000. Des économies non négligeables dans un contexte d’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a entraîné une hausse importante des prix du pétrole et du gaz.

Un déploiement du renouvelable salvateur pour de nombreux pays

Le déploiement des énergies renouvelables réalisé depuis plus de 20 ans a permis de limiter les répercussions économiques de la hausse des prix des combustibles fossiles l’an dernier. Selon le rapport, sans ce déploiement, ces dernières auraient été bien plus graves, « dépassant même la capacité de nombreux gouvernement à les atténuer ».

« L’année 2022 est un tournant dans le déploiement des énergies renouvelables. Leur compétitivité en termes de coûts n’a en effet jamais été aussi grande, malgré l’inflation persistante des coûts des produits de base et équipements. Les régions les plus touchées par ce choc historique des prix ont fait preuve d’une résilience remarquable en grande partie grâce à l’augmentation massive de l’énergie solaire et éolienne au cours des dix dernières années », note Francesco La Camera, directeur général de l’Irena.

Dans le détail, le coût moyen pondéré de l’électricité a baissé en 2022 de 3 % pour le photovoltaïque, de 5 % pour l’éolien terrestre, 13 % pour la bioénergie et 22 % pour la géothermie. Les seules hausses de coûts concernent l’éolien offshore et l'hydroélectricité, avec respectivement +2 % et +18 %, en raison d’une moindre part de la Chine dans le déploiement de l’éolien offshore et de dépassements de coûts dans certains grands projets hydroélectriques.

En Europe, les énergies fossiles mises à mal par le renouvelable

Ces baisses de coûts poussent ainsi de nombreux pays à s’éloigner peu à peu des énergies fossiles. Dans l’Union Européenne, la production d’électricité produite à partir de ce type de combustible est tombée à 33 % au premier semestre 2023, son plus bas niveau historique, selon un rapport publié par le groupe de réflexion dédié au climat et à l’énergie Ember.

« Le déclin des énergies fossiles est un signe des temps. Le charbon et le gaz sont trop chers, trop risqués et l’UE est en train de les supprimer », explique Matt Ewen, analyste pour Ember.

Dans l’ensemble des pays de l’UE, la production d’électricité fossile dans des centrales au charbon ou gaz a baissé de 17 % entre janvier et juin par rapport au premier semestre 2022. Cinq pays-membres ont même obtenu de meilleurs résultats, avec une baisse supérieure à 30 % pour le Portugal, l’Autriche, la Bulgarie, l’Estonie et la Finlande.

Le rapport préconise d’augmenter « massivement » le déploiement des énergies renouvelables, en particulier le solaire et l’éolien, « pour soutenir une économie résiliente à travers l’Europe ». Déployer davantage de moyens pour le renouvelable permettra par ailleurs de compenser de manière pérenne le recul de la production d’électricité à partir d’énergies fossiles.

Une nécessité, puisqu’à ce jour la production renouvelable en volume ne suffit pas à compenser le recul de l’électricité produite à partir d’énergies fossiles. Cette dernière s’est élevée à 86 TWh, tandis que les renouvelables ne progressaient dans le même temps que d’un peu moins de 40 TWh.

Jérémy Leduc

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