Le premier béton à base de fibres de lin germe à Caen
« Le caractère innovant de ce projet se situe, au niveau environnemental et économique, par la valorisation d’une ressource locale, le lin, dont la France est le premier producteur mondial. (...)Les résultats obtenus et la valorisation qui en découlera pourront également bénéficier au développement de nouvelles filières de fibres végétales, telles que les fibres de chanvre,» explique Fouzia Khadraoui-Mehir, Chercheur ESITC Caen.
Des constructions éco durables
Moins impactantes pour l’environnement, les fibres de lin permettent en effet grâce à leurs caractéristiques et leur qualité de résistance, le développement d’un béton structurant biosourcé. Le projet Btonlin, qui fait l’objet d’une thèse CIFRE, est cofinancé par le programme FEDER et la région Basse-Normandie et labellisé par le Pôle de compétitivité Ensembles Métalliques et Composites Complexes (EMC2) et représente sur deux années un budget de 510 215 euros.
Prévue pour fin 2015, la commercialisation du nouveau matériau béton/lin va permettre non seulement de valoriser une matière première végétale mais aussi de mettre au point de nouveaux éco-matériaux pour une construction durable. Si d'autres bétons à base de fibres végétales (de chanvre notamment) sont déjà utilisés pour répondre à des attentes environnementales, ils sont trop fragiles pour permettre une application structurelle.
Un partenariat diversifié
Partenaire de ce projet, au même titre que l’entreprise CMEG, spécialisée dans la préfabrication de panneaux de façades et de bardage en Composite Ciment Verre ou l’entreprise Teillage Vandecandelaère, spécialisée dans la production et la préparation de fibres de lin et de semi-produits pour matériaux composites, l’ESITC Caen, mène depuis longtemps des recherches sur la formulation et caractérisation des éco-matériaux de construction.
Le développement de la thématique « matériaux de construction à base de fibres naturelles » est d’ailleurs un sujet majeur d’investigation pour l’Ecole comme le souligne Fouzia Khadraoui-Mehir. « Au niveau scientifique, ce projet permettra de lever certains verrous scientifiques et technologiques à l’utilisation des fibres végétales dans des matrice cimentaires. Des innovations en termes de compréhension des mécanismes d’interactions physico-chimiques entre la fibre végétale et la matrice cimentaire, de dégradation éventuelle des fibres et de traitement préventif adapté sont des résultats attendus de ce projet et permettront le développement des composites biofibrés. »
Grâce à de nouveaux éco matériaux
Avec 500 000 tonnes par an de lin textile, la France est le premier producteur mondial. La culture du lin se concentre principalement en Normandie (60 % de la production, environ 300 000 tonnes). Or, après dix ans d’euphorie, la culture du lin connaît un coup d’arrêt brutal. En effet, depuis l’automne 2007, les filateurs chinois qui achètent plus de 80 % du lin teillé européen, c’est à dire d’où a été extraite la fibre, ont réduit drastiquement leurs commandes. Il est donc nécessaire de trouver de nouveaux débouchés pour ces producteurs locaux.
Le béton, pour sa part, est le matériau de construction le plus utilisé dans le monde. En France où l’on produit 30 millions de tonnes de produits en béton et 44 millions de m3 de béton prêt à l’emploi, le BTP s’inscrit désormais dans une logique de construction durable.
A. LG
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