La quadrature du cercle

Lafarge, à l’initiative du projet, s’est imposé un cahier des charges pour le moins ambitieux : une maison positive, utilisant des matériaux et des équipements présents sur le marché, faciles à mettre en oeuvre, et pour un prix d’ami s’il vous plait ! « En réalité, ces critères sont un peu liés entre eux et découlent d’une stratégie qui nous paraît évidente : privilégier les négawatts. Autrement dit, miser un maximum sur l’enveloppe. En effet, si le bâti est surperformant thermiquement, il est inutile d’investir dans des équipements high-tech. Ensuite, il faut ajouter une bonne dose de réflexion sur l’architecture pour optimiser les apports extérieurs de soleil ou de fraicheur » analyse Arthur Vinson, le dynamique responsable développement des systèmes constructifs de Lafarge. Concrètement, la maison ABCD+ sera entièrement montée en blocs béton pierre ponce (Alkern), dont la pose ne nécessite ni formation ni matériel particuliers. «  Certaines cloisons intérieures seront aussi en béton, car cela apporte un gain d’inertie thermique pour un surcout très faible » se félicite Arthur Vinson, visant du même coup les insuffisances des maisons légères sur ce point. Bien évidemment, une ITI viendra compléter l’édifice, dont les ponts thermiques sont parfaitement traités, dès la conception.

A ce stade, la maison aura coûté fort cher…. Mais c’est sur les équipements que se fera la différence. « Tout l’enjeu a été de choisir les produits proposant le meilleur rapport performance/prix. Ainsi, nous avons choisi une ventilation simple flux, qui nécessite moins de gaines, car l’architecture autour d’un patio central couvert, offre déjà une bonne ventilation naturelle. De plus, nous installerons un chauffe-eau thermodynamique sur air extrait, qui exploitera les calories sortant de la maison » dévoile Arthur Vinson. Plus étonnant encore : pas de chaudière d’appoint. La maison sera chauffée par un poêle à bois et électrifiée pour partie par 24m2 de panneaux solaires. On voit mal comment obtenir un prix contenu avec 20 000 € de photovoltaïque sur le toit du garage. « Et pourtant si !, rétorque Arthur Vinson, Nous avons passé un accord avec le Crédit Foncier, qui non seulement financera les panneaux car ils rapportent de l’argent, mais en plus, ne prendra pas ce crédit en considération dans les calculs de solvabilité des ménages ». Au final, Lafarge annonce un prix client TTC hors foncier de 1 370 € / m2.

Séduire les collectivités locales

Au delà du concept et du test technique grandeur nature, Lafarge et Cécile Robin Construction visent clairement les pouvoirs publics locaux. Ainsi, la toiture végétalisée de la maison ABCD+ n’a pas été ajoutée pour ses vertus thermiques (il s’agit de simples bacs posés sur le toit) mais bien urbanistiques : « la nature dans la ville ». De même, les concepteurs mettent en avant l’utilisation d’un béton drainant (Hydromedia) pour les abords de la maison (et le patio), qui répond à la problématique d’imperméabilisation massive des sols en milieu urbain. Enfin les arguments prix et facilité de mise en œuvre ne laisseront pas insensibles les élus locaux, qui souhaitent faire travailler les entreprises locales, et cherchent comment accueillir les ménages modestes ou primo-accédant au cœur des villes. La maison ABCD+ sera-t-elle dupliquée ? Tiendra-t-elle ses promesses de performances, et surtout de prix ? Rendez-vous à l’automne 2012 pour l’inauguration.

Olivier Barrellier

Vidéo promotionnelle de la maison ABCD+ :
http://www.youtube.com/v/Wozo56i8FMc&rel=0&hd=1&showsearch=0&autoplay=1