La transition écologique, l’atout pour relancer l’activité des TP ?
Fin janvier, où la fédération nationale de travaux publics (FNTP) révélait les contours du rapport élaboré avec Carbone 4. Pour rappel, l’étude met en avant deux scénarios en faveur la transition écologique des travaux publics en France.
D’un côté, il y a la trajectoire « sobriété », « où l’on considère qu’on aura moins de démographie, moins de mobilité, ou en tout cas moins de besoin, qui croît jusqu’en 2030 », développe Bruno Cavagné, président de la FNTP ce mardi 22 février, lors d’un brief presse. Plan représentant un investissement annuel de 16 milliards d’euros, au lieu des 22 milliards évoqués fin janvier.
Vient ensuite l’approche « pro-techno », qui nécessite selon les dernières estimations 30 milliards par an et croit jusqu’à 2050 « parce qu’il y a plus de démographie, plus d’énergie, plus besoin de mobilités, mais par le fait de l’innovation, il nous permet d’atteindre nos ambitions carbone d’ici 2050 », abonde Bruno Cavagné.
Lutter contre les pénuries de main d’œuvre et relancer la commande publique
Lorsqu’on lui demande le scénario qu’il préfère, le président de la FNTP penche davantage vers le scénario innovation. « C’est vrai un choix de société au-delà des infrastructures, quelle est la société de demain que l’on veut », nuance-t-il cependant. Il poursuit : « Ce qui ne m’inquiète pas c’est la technique, le savoir-faire décarboné, de savoir innover plus rapidement, ça on va y arriver. La vraie question, c’est à quelle vitesse ».
A travers son initiative avec Carbone 4, la FNTP tend à anticiper d’éventuelles lois environnementales – comme le REP bâtiment et la RE2020 – mais spécifiques aux travaux publics. Une façon d’inciter la responsabilisation des 8000 entreprises adhérentes à la FNTP , tout en renforçant leur image positive auprès de pouvoir publics.
Ce qui nous amène à envisager l’impact positif de la transition écologique sur l’activité des travaux publics. On le découvrait ce vendredi, le secteur enregistrait, après un premier semestre 2021 dynamique, un recul au second semestre, pour une baisse de presque 4 % de l’activité par rapport à 2019.
Parmi les leviers évoqués pour atteindre une croissance d’1,5 % de l’activité en volume prévue en 2022, la fédération appelle à une relance de la commande publique, notamment celle des appels d’offre. Une urgence, alors que 70 % de l’activité des TP provient de la commande publique dont 40 % des collectivités locales.
Le tout doublé d’une pénurie de main d’œuvre, car 44 % des entreprises de la FNTP traversaient en 2021 des difficultés de recrutement. Bruno Cavagné raconte même, un manque de chauffeurs dans sa propre entreprise à Toulouse. Et en France, comme à l’international, la liste des profils recherchés reste longue : canalisateurs, chefs de chantier, routiers, ingénieurs…
D’où la nécessité de se pencher sur les deux scénarios dessinés par le rapport Carbone 4, qui présenteraient l'avantage de créer de 240 000 à 400 000 emplois d'ici 2030. Encore faut-il que la transition écologique des travaux publics soit discutée et bien appréhendée par les candidats à la présidentielle. Plusieurs assisteront d’ailleurs au Forum « Investir la transition écologique », ce jeudi 24 février, de la candidate LR Valérie Pécresse à celui EELV Yannick Jadot.
« On va leur présenter nos scénarios, leur poser des questions, s’ils considèrent que la transition écologique est importante ou pas, est-ce que les scénarios sont pour eux cohérents ou pas, est-ce qu’on est capables de les financer ou pas ? Et finalement : comment on passe des paroles aux actes ? », détaille Bruno Cavagné.
La suite ce jeudi donc…
Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock