La rénovation énergétique du tertiaire avance non sans difficultés
Alors que le décret se fait toujours attendre, les travaux du Plan Bâtiment Durable se poursuivent. Trois ans après le lancement de la charte, l’organisme s’est réuni, vendredi 21 octobre, à l’occasion d’une nouvelle séquence des ses « Rendez-vous » consacrée à la dynamique de rénovation énergétique du parc tertiaire.
En introduction, Philippe Pelletier, Président du Plan Bâtiment Durable, a rappelé qu’une trentaine d’acteurs étaient présents en octobre 2013 pour le lancement de la charte dite « tertiaire », « ils sont aujourd’hui plus d’une centaine ». Ce vendredi, le Plan Bâtiment Durable a en effet accueilli la 103ème et la 104ème signature de la charte : LBO France, représentée par Stéphanie Casciola et le bureau d’études Tribu Energie, représenté par Nathalie Tchang. « C’est ainsi un mouvement d’envergure sans précédent qui s’est engagé, un chemin où chacun entreprend les actions qu’il juge adaptées à sa situation et à l’objectif qu’il s’est librement fixé », s’est réjoui M. Pelletier.
Une démarche engagée
Lors de ces « Rendez-vous », le Plan Bâtiment Durable a publié le troisième rapport de la charte volontaire, conduit par l’Institut Français pour la Performance du Bâtiment (IFPEB). Ce rapport, basé sur les réponses de 37 signataires de la charte tertiaire, témoigne de l’avancement des signataires. « Tous sont à l’œuvre dans l’implémentation de leurs engagements », précise un communiqué. Riche d’enseignements, le document « confirme les ambitions, affine les stratégies et met en lumière l’un des facteurs clé de la réussite : porter la démarche d’amélioration de l’efficacité énergétique comme un véritable « projet d’entreprise », impliquant collaborateurs et équipes managériales ».Philippe Pelletier souligne par ailleurs la participation active du Plan Bâtiment Durable dans la rédaction du projet de décret actuellement à l’examen au Conseil d’Etat. « Il ne fait aucun doute qu’à la publication du décret, la charte continuera de déployer ses effets : le « club » des signataires ainsi formé est précieux dans l’échange d’expériences et de bonnes pratiques en vue de la mise en application du texte », avance-t-il.
Des résultats contrastés
Mais si les signataires ont confirmé leur engagement en faveur de la rénovation énergétique du parc tertiaire, ils se divisent en trois groupes plus ou moins homogènes : des pionniers à maturité de leur politique énergétique, des organisations au plan d’action en cours de déploiement, des signataires pour lesquels l’engagement dans la charte a été l’occasion de fédérer en interne et lancer l’action.Ainsi les objectifs de réduction des consommations varient de 6 à 40%, certains répondants faisant face à des difficultés de mise en œuvre. 4 difficultés opérationnelles sont d’ailleurs pointées du doigt à l’unanimité :
- La construction de l’image énergétique de son parc est un exercice difficile et chronophage, depuis l’accès à l’information de consommation à son analyse ;
- Les collaborations entre propriétaires-bailleurs et preneurs sont très souvent minimalistes, voire « inexistantes » ;
- Les variations importantes de périmètre et les opérations de densification de l’usage posent la question de l’évaluation dans les parcs qui ont fortement varié dans le temps ;
- Le coût des opérations reste important.
Des solutions pour contrer les difficultés
Certains grands utilisateurs estiment que l’optimisation des surfaces et les relocalisations seront les piliers de leur progression. Dans le cas général, les répondants ont attribué 13% de l’accomplissement de leurs objectifs d’économies d’énergie aux rénovations profondes, 31% à des plans de progrès en site occupé avec de l’investissement, 32,5% dans des plans de progrès liés au pilotage et enfin 13,5% de leur objectif sur un meilleur usage.Dans son rapport, le Plan Bâtiment Durable indique que la mobilisation des utilisateurs et la collaboration entre utilisateurs et pilotes de l’exploitation est le premier levier, lorsqu’il s’agit de recadrer le pilotage au plus près de l’usage ; le management in situ a ainsi toute son importance.
Le document souligne en outre que la charte a permis de « faire exister de manière pérenne le sujet énergie ». Le mouvement est en marche et les premiers résultats « sont prometteurs ». Le Plan Bâtiment Durable appelle ainsi à davantage d’échanges et de collaborations afin d’aplanir « ensemble les difficultés remontées et mieux préparer la transition énergétique du tertiaire national, en accompagnement de la réglementation ».
En conclusion, Paul Delduc, Directeur général de l’Aménagement du Logement et de la Nature aux Ministères de l’Environnement et du Logement, a félicité les acteurs de la « charte tertiaire » pour leur engagement. Il a ainsi souligné « l’attachement des Ministres à ce type de démarche » qui est une « traduction rapide et concrète » de la mise en action des acteurs pour répondre aux objectifs de rénovation du parc tertiaire, sans attendre la publication du décret.
R.C
Photo de une : Capture d'écran Compte Twitter @PlanBatiment