L'UE compte doubler sa part d’EnR d'ici 2030
Début mars, un nouvel accord européen pour réduire les consommations d'énergie était conclu entre les États-membres et les eurodéputés, dans un contexte de crise énergétique.
Ce 30 mars, place à un nouvel objectif dans la politique européenne : doubler la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique des 27 pays d’ici 2030. Objectif s’élevant à 42,5 % de renouvelables dans la consommation précisément, soit quasiment deux fois plus que le niveau actuel (22 % environ). Il dépasse également le seuil fixé au départ pour 2030 (32 %)
Fruit d’une quinzaine d'heures d'ultimes pourparlers, les quotas visés sont un compromis entre les exigences de la Commission européenne et les eurodéputés (45 %), et celles des États-membres (40 %). Pour ce qui est du mode opératoire, le texte prévoit une facilitation et accélération des projets EnR, à l’image de la loi française dédiée, récemment inscrite au Journal officiel.
Vers un meilleur encadrement du recours à la biomasse
Mais qui dit pourparlers, dit désaccords entre les pouvoirs publics européens. L’un des sujets de discorde concernait l’énergie biomasse. Certes, les pays scandinaves défendent cette « bioénergie », considérée comme « 100 % verte » par Markus Pieper, eurodéputé (PPE, droite) et rapporteur du texte. Mais des ONG écologistes s’inquiètent qu’une exploitation excessive de la biomasse ne vienne affecter par exemple la forêt, tout comme le puits de carbone et le havre de biodiversité qu’elle représente.
L’accord a donc débouché sur une meilleure définition du recours aux ressources forestières. « L’utilisation de la biomasse est mieux encadrée, même si le Parlement voulait aller plus loin », commente Pascal Canfin, eurodéputé (Renew, libéraux), et président de la commission parlementaire Environnement.
Le nucléaire, « ni vert, ni fossile »
Autre source de divergences entre les vingt-sept, aussi bien durant l’examen du texte que ces dernières semaines : « la reconnaissance du rôle spécifique du nucléaire, qui n'est ni vert ni fossile », affirme l’eurodéputé Paul Canfin.
Dans le détail, le texte a des ambitions concernant le déploiement de l’hydrogène « renouvelable » dans les transports et l'industrie. La France et ses alliés, de leur côté, demandaient un traitement égal entre cette catégorie d’hydrogène et l’hydrogène « bas-carbone », produit à partir de l'électricité d'origine nucléaire. Une proposition que l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, I’Irlande, le Luxembourg, le Portugal, l’Espagne et autres États-membres ont rejeté, craignant une ralentissement des investissements dans les EnR.
De quoi raviver les tensions sur cette question, déjà amorcées lors de l’adoption du label vert pour le gaz et le nucléaire courant 2022. Mais cette fois-ci, les discussions, menées par la la présidence suédoise de l'UE, ont débouché sur un nouveau compromis avec les eurodéputés. Les objectifs d’hydrogène renouvelable seront abaissés de 20 % dans les pays où la part d’hydrogène fossile dans la consommation d'hydrogène du pays sera inférieure à 23 %.
« Cela veut dire que la France ne sera pas obligée de construire du renouvelable pour faire de l'hydrogène pour l'industrie et les transports mais pourra aussi utiliser le nucléaire. C’était une condition absolue pour la France pour soutenir l'accord final », conclut Paul Canfin.
Car le gouvernement français favorise énormément l’énergie nucléaire, grande part du mix énergétique défendu par le président Emmanuel Macron.
Virginie Kroun (avec AFP)
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