L'Ademe fait le point sur les émissions de CO2 provoquées par la climatisation
Le 30 juin dernier l’Ademe publiait les résultats d'une étude sur le recours à la climatisation. Alors que les périodes de chaleur se révèlent plus fréquentes et plus longues, les ménages et entreprises s’équipent de plus en plus de ces systèmes, gage d’un meilleur confort estival. Ainsi, en 2020, le vente d’équipements a dépassé les 800 000 unités, multipliant par plus de deux les 350 000 de l’année précédente. La progression est d’autant plus notable chez les particuliers avec 25 % équipés, contre 14 % entre 2016 et 2017.
Des usages différents selon le type d’habitation, la situation sociale ou géographique…
A l’évidence, des disparités d’utilisation existent, notamment selon le type d’habitation, car 31 % des équipés sont propriétaires de maisons individuelles, contre 20 % des ménages habitant en logement collectif. La catégorie socio-professionnelle distingue aussi les 37 % usagers occupant une profession libérale, intellectuelle ou cadre, des 19 % des ménages dont la personne de référence est sans emploi ou inactive. Du point de vue géographique, le Sud-Est et la Corse rassemblent 47 % des particuliers utilisateurs, contre seulement 11 % en Bretagne.
Côté bâtiments tertiaires, les bureaux concentrent 64 % des utilisateurs, face aux 7 % des bâtiments d’enseignement. A noter également qu’entre les particuliers et le tertiaire, les technologies employées varient selon le type de bâtiment. Par exemple, tandis que les climatiseurs mobiles sont généralement utilisés en appartements, les systèmes « roof-top » sont privilégiés dans les entrepôts et grandes surfaces commerciales.
Des émissions de CO2 causées par le gaz frigorigène
Toutefois, ces différents systèmes ont un point commun : elles génèrent d'importantes émissions de CO2. Le phénomène est provoqué par leur forte consommation énergétique, en particulier celle des climatiseurs du secteur tertiaire, avoisinant les 10,6 TWh en 2020. Trois quarts sont issus des bureaux et commerces. Cette même portion de consommation s’observe aussi du côté des maisons individuelles, évaluée à 4,9 TWh.
Le principal facteur de ces émissions ? Les fluides frigorigènes, présents et fortement émissifs durant la fabrication, la maintenance, la durée d’utilisation, les fuites, ou bien la fin de vie des machines. En bref, les fluides frigorigènes sont partout et leur pouvoir réchauffant élevé cause des émissions de gaz à effet de serre « 2 fois plus importantes que les émissions liées à la consommation d’électricité », précise l’étude de l’Ademe.
Les protections solaires, la meilleure alternative ?
D’après l’Ademe, des innovations technologiques à l’étude, tant sur les fluides que sur l’amélioration des bâtiments, pourraient freiner ces effets néfastes sur l’environnement. En attendant, l'agence soutient que ces évolutions doivent être complétées par des comportements plus responsables, des particuliers comme des professionnels.
Mieux concevoir les habitations face aux chaleurs, confier l’entretien d’un matériel à fluide frigorigène à un professionnel habilité, utiliser plus sobrement la climatisation… Les conseils donnés par l’Ademe pour une climatisation plus « raisonnée » sont nombreux, mais doivent envisager une solution technique plus concrète. C’est dans cette idée que le groupement Actibaie, organisation professionnelle affiliée à la Fédération Française du Bâtiment (FFB), rappelle l’efficacité des protections solaires.
Produits principalement en France ou dans l'Union européenne, ces volets et stores « maîtrisent le rayonnement solaire et ses phénomènes d’inconforts associés, qu’ils soient thermique (surchauffe) ou visuel (éblouissement). Ces produits permettent également une isolation thermique supplémentaire de la paroi vitrée », explique Actibaie. Sans puiser dans l’énergie du bâtiment, ces solutions « passives » peuvent réduire la température intérieure de 2 C° à 5 C°.
Mais bien qu’elles cochent toutes les critères de durabilité, les protections solaires restent en « marge des différentes subventions pour la rénovation énergétique des bâtiments. Les volets isolants ont été exclus du CITE en 2017 et ne figurent pas dans MaPrimeRénov’ », déplore Hervé Lamy, délégué général d’Actibaie. Et d’ajouter : « Toutes les mesures incitatives prises ces dernières années se concentrent sur les économies de chauffage (RE2020), sans prendre en compte l’installation future de systèmes de climatisation ».
La question de la climatisation et ses alternatives s’afficheront-elles dans l’agenda des politiques publiques ? Affaire à suivre.
Virginie Kroun
Photo de une : Adobe Stock