Isolation de plancher bas : quelles précautions pour la rénovation ?
Dans un rapport diffusé ce mardi 19 octobre, l'AQC s’est penchée sur les précautions à prendre concernant l’isolation en sous-face des planchers bas en rénovation. Soutenue par le programme Profeel, l’étude est le fruit d’une collaboration entre l’AQC et l’association professionnelle Envirobat Occitanie.
Pourquoi un tel focus ? « Les planchers bas, parois horizontales dont seules les faces supérieures donnent sur un local chauffé, peuvent représenter des déperditions thermiques importantes et une source d’inconfort pour les occupants », explique le rapport. Il poursuit : « Les isoler est une action fréquemment envisagée lors d’une rénovation énergétique, d’autant plus lorsqu’ils donnent sur des caves, des parkings ou des espaces ouverts facilement accessibles »
Soigner la jonction entre les panneaux d’isolation
En se basant sur retours d’expérience de terrain et de spécialistes, le rapport tire douze enseignements, non substituables aux référentiels dédiés. Mais ils peuvent faire avancer la réflexion sur les méthodes adaptées, encourageant entre autres un diagnostic global de la pièce voire du bâti, préalablement aux travaux.
La première piste pour le diagnostic consiste à analyser la jonction entre les panneaux. S’il y a des interstices, l’artisan peut les combler avec un produit isolant adapté. Privilégier les panneaux à rainures bouvetées ou à bords décalés, les installer bord à bord de façon jointive et inspecter la pose lors de la livraison sont aussi des techniques efficaces contre les ponts thermiques.
Vérifier l’adéquation aux autres travaux d’isolation
L’isolation des planchers bas est souvent effectuée pendant ou après d’autres travaux d’isolation de l’enveloppe. Il convient donc d’étudier avec soin les ponts thermiques sur les différentes interfaces, de façon à les réduire pour des questions de performance et pérennité du bâti, tout comme le confort et la santé des occupants.
Les solutions sont nombreuses : créer une retombée d’isolant d’au moins 30 cm côté intérieur ou dévoyer les réseaux fixés en partie haute des murs. Une retombée d’isolant, d’au moins 20 cm voire 60 cm sur les murs, est également de mise pour le traitement des ponts thermiques.
Cela éviterait ainsi des ponts thermiques linéiques à la jonction comme des risques de condensation et de moisissure. Une isolation des poutres sur trois faces est également un point de traitement, tout comme des retombées lorsque la hauteur de plafond n’est pas suffisante. D’où l’intérêt d’anticiper le matériel et le temps nécessaire, lors d’une visite préalable.
Prendre garde à l’humidité
Un troisième angle d’attaque des ponts thermiques viserait l’humidité. Surveiller les excès d’humidité dans le local afin de choisir les matériaux reste également une priorité de l’artisan.
D’abord, en se concentrant sur la rétention des vapeurs d’eau, principalement due à la présence d’un pare-vapeur ou frein-vapeur, sur le côté froid de la paroi. Par conséquent, la vapeur a tendance à s’évacuer via la paroi, impactant la durabilité, la performance thermique mais aussi la salubrité du bâtiment (formation de moisissure, etc.) La recommandation de l’AQC serait d’enlever ou au moins perforer l’élément fermée à la vapeur, voire la remplacer par une membrane HPV par exemple, capable de maintenir l’isolant.
Il est conseillé aussi de favoriser la ventilation en espace froid (cave, garage, vide sanitaire…), souvent négligée. Sinon, l’humidité pourrait saturer le bâtiment, augmentant les risques de pourrissement du bois, d’oxydation des pièces métalliques ou d’exposition au radon. Dans ces cas-là, l’artisan a plusieurs options : nettoyer des soupiraux obstrués afin de faciliter l’aération naturelle, également facilitée par l’ouverture des fenêtres, voire installer une ventilation mécanique, comme une VMR hygroréglable.
Concilier isolation et accès à la pièce comme aux équipements
Certains équipements doivent être passés en revue avant le diagnostic, car ils peuvent représenter un obstacle pour la continuité de l’isolation.
C’est le cas des escaliers traversant les planchers bas, liant l’intérieur chauffé au volume non-chauffé. Une isolation de l’accès (porte…) entre les deux volumes est préférable, car encore une fois, on perdrait en performance et en confort. Même enjeu avec la surface des dalles, qui doivent être traitées avec une performance équivalente et à moindre épaisseur, en pièce froide, par rapport à une pièce non-chauffée. Utiliser le même isolant pour les deux pièces, avec une épaisseur égale à l’espace entre dalle et haut de la porte (au minimum l’épaisseur du dormant) est envisageable. L’AQC évoque également la possibilité d’ouvrir la porte dans un autre sens.
Autre mesure : libérer le maximum de supports avant toute intervention. Une opération idéale consiste notamment à décrocher au possible les éléments, afin de les raccrocher en dessous de l’isolant, les interstices comblées de nouveau avec des morceaux d’isolant. L’artisan doit toutefois garder en tête l’accès aux organes, souvent piégés par l’isolation. L’idée de réaliser un bouchon de travaux préparatoire démontable pour permettre une intervention ultérieure a été mentionnée dans le rapport. Pour adapter l’isolation à la pénétration des réseaux (gaines, câbles, canalisations…) par la dalle, des matières naturelles sont à privilégier (laine, etc.)
Adopter des dispositions face au risque incendie
Quand le plancher bas est traversé par un conduit de fumée, le professionnel doit être également être vigilant vis-à-vis de la sécurité incendie. Un risque exposant notamment à l’obturation de l’ouverture basse de ventilation de la gaine coupe-feu, la création d’un piège à calories liée à l’absence de circulation d’air, avec une augmentation de température auprès des matériaux combustibles (parements, gaines électriques, chevilles,). Des facteurs capables de provoquer un départ de feu.
Ces dangers peuvent être anticipés lors d’une visite de chantier, qui permet d’appréhender les types de produits de fumée, la structure du bâtiment et les matériaux combustibles. Comme solutions de rénovation concrètes, il est possible de rétablir l’entrée d’air de la gaine coupe-feu comme respecter la distance minimale indiquée par le fabricant du conduit de fumée et celle indiquée dans le DTU 24.1. Placer une trémie autour de conduit afin d’installer des plaques de sécurité peut être envisagé, tout comme le dévoiement d’un conduit de fumée à l’extérieur, dédié à maintenir une isolation continue en sous-face en plancher bas.
Pour lire l'intégralité du rapport, cliquez ici.
Virginie Kroun
Photo de Une : AQC