Ffly4u : l’intelligence artificielle embarquée qui optimise la gestion des déchets
Pouvez-vous revenir un peu sur l’histoire de votre entreprise, comment est-elle née ?
Olivier Pagès : Ffly4u a été conçu sur la base de l'identification et d’une prise de conscience d'un manque, en termes de tracking ou d'information embarqués, sur tout ce qui bouge dans l'industrie. Nous avons donc décidé de faire le lien entre les nouvelles technologies de l'internet industriel des objets et les besoins des entreprises en répondant à cette demande et en développant une approche par verticale métier, composée à la fois d’une compréhension détaillée du métier et de la technologie propriétaire embarquée. Aujourd'hui, Ffly4u est composée de 13 personnes et est basée en grande partie à Toulouse, mais également à Paris et à Vienne, en Autriche. Ffly4u c’est vingt mille objets connectés, dans l'objectif d’en rajouter vingt mille de plus, en 2021.
Comment fonctionne votre procédé, et plus généralement l’internet industriel des objets ?
O.P : C'est un boîtier intelligent de la taille d’une main, qui mesure 14cm et qui a 5 ans d’autonomie. Ce dernier est attaché à un objet mobile, en l'occurrence les bennes de chantiers, et il crée de la donnée, qu’il envoie dans un réseau de type cellulaire comme le téléphone par exemple, les données arrivent ensuite dans ce qu’on appelle le cloud, c'est-à-dire une application web qui met à disposition les données au profit du client afin de structurer ces données au travers d'un format qui est spécifique à chaque verticale métier.
Quels sont ses avantages pour la planète ? En quoi, la solution peut accompagner cette question du réemploi, de la valorisation sur site, dans le cadre d’un chantier ?
O.P :Les bennes sont des éléments importants dans les chantiers, et en particulier sur les sites industriels de déchetterie. Chez Ffly4u, ça avait vraiment du sens de pouvoir digitaliser non seulement les bennes mais l’activité des déchetteries dans son ensemble.Le but étant de permettre aux professionnels de bénéficier d’outils qui permettent d’identifier les déchets contenus dans les bennes ainsi que leurs taux de remplissage, d’en obtenir une localisation exacte et en temps réel, de collecter des données sur le dernier événement de la vie d’une benne (vidage, mise hors quai, nombre de compactage, immobilisation prolongée... ). Les particuliers pourront, quant à eux, bénéficier de déchetteries toujours accessibles sans jamais tomber sur des bennes pleines et ainsi éviter les allers-retours inutiles, en disposant d’une qualité de service optimale qui contribue à la protection de l’environnement. L’enjeu essentiel qu’on vise est donc une réduction de gaz à effet de serre d’au moins 5%. Pour cela, cette intelligence artificielle permet, en plus d’une gestion optimisée, d’utiliser moins de camions, qui servent à transporter les déchets vers des sites de recyclage, et donc réduire la création de gaz à effet de serre.
En quoi consiste votre partenariat avec Suez ?
O.P : Le partenariat a débuté fin 2019 avec la mise en place d’une expérimentation sur un tout petit périmètre, c'est-à-dire une déchèterie et une dizaine de bennes. Nous voulions leur montrer de quoi nous étions capables, et je pense qu’ils ont été étonnés positivement puisqu’en juillet 2020, la solution Ffly4u est déployée dans les 13 déchetteries toulousaines, gérées par Suez. Depuis, notre mission est de diminuer la consommation de carburant, d’optimiser les flux de bennes et de réduire les coûts à travers l’optimisation des moyens de collecte. Suez dispose également d’une visibilité en temps réel sur le taux de remplissage des bennes, leur localisation à quai et hors quai, aussi bien au sein des déchèteries qu’en transit.
De quelle manière cette nouvelle solution peut-elle être un allié pour les professionnels du bâtiment ?
O.P : On a ciblé le bâtiment comme étant un secteur où l'on peut faire des choses très intéressantes. Actuellement, on est perçu comme spécialiste européen voire mondial, dans l’internet industriel des objets donc on a effectivement de très belles entreprises qui travaillent avec nous sur ce sujet. Puis, on opère sur les bennes, qui est un élément majeur des chantiers. Pour le futur, on compte travailler sur tout ce qui est véhicules de chantiers, qui vont nous permettre de développer et traiter, toujours avec ces mêmes boîtiers intelligents, des données pour des grues, des tracteurs, des chariots élévateurs… On pourra donc suivre l’usage de ces véhicules, savoir s'ils sont en fonctionnement, s'ils ont accéléré et on pourra même facturer à l’usage via la technologie qu’on a mis en œuvre avec Suez. Pour conclure, je pense que les chantiers vont énormément évoluer, ils vont se digitaliser au travers de l’internet industriel des objets et en particulier, au travers du mariage que l’on fait avec l’intelligence artificielle embarquée, car il permet de créer des données spécifiques à chaque vertical métier.
Propos recueilli par Marie Gérald.