Énergies renouvelables dans le bâtiment : un marché qui progresse en Europe
Fin août, le cabinet Delta-EE a publié son étude consacrée au marché européen des énergies renouvelables, dont la taille de marché s'est élargie de 53 % en 2020, contre 46 % en 2019. Le secteur est dominé par l’e-mobilité, qui prévoit une croissance de 44 % d’ici 2025 à l'échelle européenne. Les domaines de l’habitat et du bâtiment se révèlent également prometteurs, en vue de leur croissance entre 2019 et 2020, qu’il s’agisse de la maison connectée (+ 7 %), du chauffage durable (+ 9 %), et du solaire et batterie stockage (+6 %).
En 2020, l’Allemagne reste le leader dans l’offre d'énergies renouvelables, les consommateurs ayant consacré 14,7 milliards d’euros dans la transition énergétique. Elle est talonnée par les Pays-Bas et la France, qui ont investi respectivement 10,5 milliards et 8,7 milliards d’euros dans ce marché. Plus précisément, l'Hexagone va profiter d’une croissance annuelle de 36 % dans les cinq prochaines années.
La gestion de chauffage connecté, un marché de 66 millions d’euros en France
Les thermostats intelligents ou les climatisations connectées, simplifiant le pilotage à distance des températures dans l’habitat, ont eu le vent en poupe en 2020. Sur le marché européen, les thermostats connectés ont réuni 280 millions d'euros d’investissements et devraient toujours représenter dans cinq ans la moitié du marché du smart-building.
D’autres produits devraient bientôt conquérir l’habitat, comme les vannes de radiateurs connectés, dont la hausse de chiffre serait de plus de 20 %. Une estimation due à sa popularité en Allemagne, qui, avec le Royaume-Uni, est d’ailleurs leader dans la maison connectée, ayant respectivement récolté, côté résidentiel, 94 millions et 132 millions de chiffre d’affaires en 2020.
Le marché européen de la maison connectée devrait évoluer annuellement de 17 % dans les cinq prochaines années. Au vu des croissances constatées entre 2019 et 2020, certains pays se révèlent prometteurs comme la Belgique (+38 %), l’Italie (+21 %) ainsi que la France (+20 %). L’Hexagone représente 66 millions d’euros dans la maison intelligente pour les outils de gestion de chauffage en 2020.
Bien qu’ils ne soient pas encore monétisés, les services associés, tels que le diagnostic à distance ou bien la gestion d’énergie domestique, attirent aussi l’attention. D’ici 2025, la souscription à de tels dispositifs, encore gratuits, devraient atteindre un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros. De plus, les données récoltées grâce au diagnostic à distance, par exemple, font gagner aux installateurs en efficacité, et par extension en finances.
Plus de 70 % des consommateurs du résidentiel favorables aux abonnements de chauffage durable en Europe
En Europe, le marché résidentiel est énormément tourné vers les solutions de chauffage durable, comme la pompe à chaleur ou des abonnements de chauffage bas carbone. Courant 2020, plus de 70 % de consommateurs dans l’habitat se disent favorables à ce type de dipositif et d’ici 2030, et 10 % des appareils de chauffage devraient être souscrits à un abonnement, qui va couvrir non seulement l'apport en énergie mais aussi les services de maintenance des équipements.
Le chauffage durable devrait donc progresser 17 % en résidentiel, soit plus que dans le tertiaire (+ 15 %), avec la France placée en tant que leader en termes de volumes de marché. En effet, les nouvelles règlementations françaises en faveur de solutions décarbonées encouragent l’adoption de PAC et de contrats verts. 3,6 milliards d’euros ont été par conséquent dépensés par la population en 2020 dans ces nouveaux équipements et services.
Toutefois, Delta-EE avertit sur l’apparition de concurrents européens, tels que l’Allemagne. Chez ce voisin Outre-Rhin, le chiffre d’affaires en chauffage durable s’élève à 2 milliards d’euros à la même période.
Les systèmes solaires et de stockage aval compteur tiennent malgré la crise sanitaire
L’épidémie de Covid-19 a fortement impacté les installations sur site de systèmes solaires et de stockage aval compteur et aurait pu faire reculer cette activité en Europe. Cependant, au sein de cette zone, ce secteur, qui inclut principalement les panneaux photovoltaïques (90 %), croît de 6 %, avec au total 13 milliards d'euros d’investissements en 2020.
Dans le détail, la France représente 439 millions d’euros sur le marché, également marquée par une forte activité dans les panneaux photovoltaïques et pour les entreprises. En effet, à l’inverse des solutions durables comme la PAC, le photovoltaïque n’est pas présent en majorité dans le résidentiel, mais dans le tertiaire, rassemblant 90 % du chiffre d’affaires français.
Pour ce qui est de la batterie solaire, le marché à l’échelle européenne reste mineur comparé au panneau photovoltaïque, que ce soit dans le résidentiel comme dans le tertiaire. L’Allemagne se démarque particulièrement dans ce domaine, car le prix de l’électricité et l’absence de facturation nette encouragent l’autoconsommation. Selon Delta-EE, d’autres pays avec un tel modèle, une forte présence du soleil et/ou un système de tarifs selon le temps d’utilisation, ont le potentiel de s’imposer sur le marché de la batterie solaire, notamment dans le résidentiel. Le cabinet cite en exemple la Belgique, l’Espagne ou l’Italie.
Plus globalement, malgré une baisse d’activité de 6 % entre 2019 et 2020, l’Allemagne devrait rester numéro deux du marché, avec un chiffre d’affaires potentiel d’environ 4 milliards d’euros en 2025. Les Pays-Bas, eux, devraient rester largement en tête, avec une hausse du chiffre d'affaires de 33 % entre 2019 et 2020 et qui devrait frôler les 12 milliards d’euros d’ici cinq ans.
Virginie Kroun
Photo de une : Adobe Stock