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Construction bois : la filière expose son manifeste

Publié le 02 février 2022

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Annoncé il y a un an, le lancement du « Plan ambition Bois-Construction 2030 » par la filière forêt-bois s'est concrétisé ce mercredi 2 février. Les acteurs spécialistes de la question dévoilent 23 propositions pour valoriser le matériau bois dans la construction. Propositions qui se répartissent entre quatre enjeux : la capacité industrielle, la préservation de la biodiversité et de la multifonctionnalité du bois, l’attractivité des métiers, ainsi que la citoyenneté.
Construction bois : la filière expose son manifeste - Batiweb

Début 2021, la filière forêt-bois – qui rassemble notamment France Bois-Forêt, France Bois Industries Entreprises (FBIE) ou Fibois France – annonçait l’élaboration d’un « Plan ambition Bois-Construction 2030 ».

L’idée ? Soutenir le bois en France, reconnu, par sa capacité de captation, de stockage et de substitution carbone, comme « une filière stratégique », dans l’objectif neutralité carbone en 2050, souligne Frédéric Carteret.

Le président du FBIE présentait, aux côtés d’autres acteurs, ce mercredi 2 février, les contours de ce manifeste. Si un an auparavant le « Plan ambition Bois-Construction 2030 » comprenait 10 engagements, la liste a eu le temps de s’étoffer, comptant aujourd’hui 23 mesures, rassemblées sous quatre axes.

Renforcer la capacité industrielle française

 

Avec une surface de 17 millions d’hectares, la forêt française est la quatrème plus importante de l’Union européenne. Son stock de bois a même grimpé à 2,8 milliards de m3 depuis 1985, soit une augmentation de plus de 50 % en 35 ans. De plus, 63 % des besoins en bois - dont pour la construction, qui concentre 50 % des récoltes – sont comblés par les forêts françaises.

Pour autant, cela ne signifie pas forcément que la filière française est autosuffisante sur toute la chaîne de production, notamment sur la partie transformation.

« La France avait arrêté d’investir au niveau industriel à la fin des années 1990 dans la filière bois. Donc, lorsqu’on essaie de faire un parallèle avec les pays du nord de l’Europe, il est bien évident qu’il s’est créé un fossé », explique Frédéric Carteret. « Aujourd’hui 80 % de nos bois d’ingénierie sont importés », poursuit-il.

Un désinvestissement qui se manifeste surtout pour des « produits comme le parquet, comme le meuble. Alors là, il y a une vraie concurrence, qui vient en partie de l’Union européenne, mais aussi une grande partie qui vient de beaucoup plus loin », précise Jacques Ducerf, président de la Fédération Nationale du Bois. 

On évoque notamment la Chine, face à laquelle la filière fôret-bois française tend à reconquérir des parts, en misant d’abord sur l’investissement. Budget fixé dans le « Plan ambition Bois-Construction 2030 » ? Près d’1 milliard d’euros par an pendant 10 ans.

De quoi soutenir la compétitivité des industriels français sur le marché du matériau bois, capable de s’adapter à différents usages, comme bien évidemment la construction et l’ameublement, mais aussi l’emballage et le bois énergie. La filière fôret-bois croit ainsi au potentiel du bois dans le « Plan Hydrogène Vert », à travers les chaudières bois, dont les ventes ont explosé en 2021.

Une façon de répondre aux enjeux de la nouvelle RE2020, pour laquelle les acteurs de la forêt bois souhaiteraient des ajustements.

À cela s’ajoute la nécessité d'alléger davantage les charges, mais aussi de simplifier la fiscalité et les dispositifs de soutien financier auprès des entreprises du bois, qui sont pour la plupart de petites PME et ETI. « Lorsque vous regardez, les projets de financement, et bien on parle de PIA, alors que nous ne sommes pas en mesure de boxer dans ces catégories », souligne Frédéric Carteret.

Autre angle d’attaque : encourager la demande en matériau bois dans les commandes publiques. Sans compter, enfin, la diversification des usages des essences de bois, parmi les 138 qui existent en France.

Préserver la biodiversité et la multifonctionnalité des forêts

 

Ce dernier axe peut aussi être vu comme un gage de préservation de la biodiversité et la multifonctionnalité des forêts, deuxième grand angle du « Plan ambition Bois-Construction 2030 ».

Un sujet déjà consacré par le plan France Relance, qui prévoit le repeuplement des forêts par 50 millions plants de 2021 à 2022. Mais pour la filière bois, la gestion durable des forêts ne s’arrête pas là, devant être adaptative aux enjeux climatiques spécifiques à chaque territoire français (incendies, inondations…).

Ambitions qui requièrent, en plus du Fonds Stratégique Forêt-Bois, tous moyens de financements, qu’ils viennent de l’Union européenne, des crédits des quotas carbones européens, des régions, de l’État, ou d’organisations privées.

Grâce à ces dotations, la filière bois espère non seulement adapter, mais aussi simplifier et sécuriser la gestion durable des forêts. Cela passe par exemple par un « équilibre sylvo-cynégétique » entre les zones manquantes et celles peuplées.
 

Accentuer l’attractivité des métiers de la filière

 

« 75 % des projets de recrutement concernant les charpentiers ne sont pas pourvus », déplore le président de la FBIE. Chiffre parlant sur la santé économique de la filière bois-forêt, bien qu’elle représente 395 000 emplois directs et au moins 60 000 indirects, soit 12,5 % des emplois de l'industrie manufacturière en France. Elle enregistre d’ailleurs un chiffre de 60 milliards d’euros chaque année, dont 26 milliards d’euros de valeur ajoutée.

L’urgence de valoriser les métiers associés se fait donc sentir pour la filière forêt bois, avec en premier lieu la mécanisation et la numérisation, pour améliorer les conditions de travail. Il convient également pour les représentants de la filière de valoriser la construction mixte et bas-carbone, respectant l’évidence « de mettre le matériau au bon endroit ».

Le recrutement est un autre axe essentiel, qui nécessite une nouvelle « campagne de communication nationale » pour aider les entreprises dans cette démarche, d’après la filière forêt-bois. Recrutement qui va de pair avec la montée en compétence, et pour cela, le « Plan ambition Bois-Construction 2030 » s’attèlera à valoriser le bois dans l’enseignement supérieur, auprès de « profils variés, du CAP au bac+5, voire jusqu’au doctorat », envisage Frédéric Carteret.

Le manifeste fait également la part belle à l’apprentissage. Un axe concrétisé à travers des cursus comme ceux proposés par l’Académie du bois fondé par Bouygues, ou bien des concours tels que le Prix Construction Bois, lancé par Fibois.

Le tout en redonnant « de l’autonomie aux partenaires sociaux dans la gestion des politiques de formation professionnelle », évoque la filière forêt-bois. Sur ce point-là « la préfabrication sera bien entendu un élément déterminant », commente le président de la FBIE.

Faire du bois un enjeu citoyen 

 

Auprès des Français, le bois a aussi une « cote d’amour », à en croire une enquête menée par CSA pour la filière forêt-bois. Sa présence motiverait le choix d’une location pour 75 %, voire d’un achat pour 80 % de la population.

Le matériau participerait à la vitalité économique des territoires, important à la fois dans le secteur de l’agriculture et de l’environnement, de la sylviculture (gestion, entretien et exploitation des forêts...), la première transformation du bois (scierie, emballage...), ainsi que l’industrie et le logement pour la deuxième transformation du bois et les industries de process.

D’où la nécessité, pour le « Plan ambition Bois-Construction 2030 », d’organiser la rencontre entre « les citoyens de la forêt et de la filière forêt-bois ». La démarche se résume en quatre actions, chacune dédiée à un public spécifique. La première serait la signature d’une convention entre le ministère de l’Éducation nationale et les professionnels de la filière pour développer la connaissance de la sylviculture, notamment dans les écoles.

En outre, le manifeste compte mettre à disposition des outils d’information pédagogiques sur le fonctionnement des forêts et d’observation des évolutions de la forêt dans le contexte du changement climatique, comme le suivi des dépérissements, pour les habitants des communes concernées.

Le « Plan ambition Bois-Construction 2030 » prévoit aussi de poursuivre, avec la Fédération des Communes Forestières, la constitution d’un réseau d’élus locaux formés et informés pour expliquer la gestion forestière sur leur territoire. Pour faire du bois un enjeu de citoyenneté, l’organisation d’un échange et de débats sur le sujet est de mise, en impliquant diverses ONG représentatives (LPO, WWF…).

 

Virginie Kroun
Photo de Une : Jean-Michel Servant et Frédéric Carteret
 

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