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Soupçons de travail illégal sur le chantier Bouygues du journal Le Monde

Publié le 13 août 2004

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PARIS, 11 août 2004 (AFP) - Pas de contrat de travail, ni de fiche de paye: la CGT a dénoncé mercredi la situation "honteuse" de salariés turcs employés sur le chantier Bouygues du futur siège social du journal Le Monde à Paris, inspecté le même jour par des responsables de la lutte contre le travail illégal.
Les salariés -une vingtaine selon la direction, une cinquantaine selon la CGT-, avaient été recrutés fin avril à Istanbul auprès de leur employeur, la société d'import-export turque Metal Yapi, sous couvert d'une directive européenne de sous-traitance et munis d'un certificat de détachement.

Mercredi devant la presse, Bernard Pracht (CGT-construction) a dénoncé "les conditions honteuses d'exploitation" de ces salariés : "ni contrat de travail, ni feuille de paye, ni paiement des heures supplémentaires, et 100 ou 200 euros versés par mois au lieu des 1.450 euros promis et cela pour six jours de travail par semaine et douze heures par jour".

En outre, les travailleurs sont "logés dans les campings de banlieue dans des conditions d'hygiène et de sécurité déplorables", a-t-il ajouté.

Après une grève, observée pendant 19 jours en juillet, les salariés n'effectuent plus que huit heures. Ce dont s'est félicité l'un d'eux, Ismaël B: "maintenant on a compris qu'on était des êtres humains".

Mais les autres problèmes demeurent.

Le 2 juillet, les salariés turcs avaient déposé plainte auprès de l'inspection du travail qui, lors d'une première visite du chantier trois jours plus tard, a constaté plusieurs carences.

Dans un courrier en date du 8 juillet, dont l'AFP a eu copie, elle en avertissait l'employeur turc soulignant qu'elles pouvaient être constitutives "du délit de travail dissimulé" (travail illégal).

Mercredi des inspecteurs de l'Urssaf ont indiqué avoir relevé des "anomalies" sur ce chantier situé boulevard Auguste Blanqui (13e arrondissement) et qui doit être terminé mi-décembre.

"Nous étions venus de façon inopinée approfondir la situation des salariés turcs et obtenir des explications sur leurs conditions d'embauche par Bouygues-Bâtiment, mais après une heure de visite, de nombreuses zones d'ombres demeurent", a déclaré à l'AFP, Lucien Cantou, responsable de la division de lutte contre le travail illégal.

Les inspecteurs ont relevé des "anomalies" sur plusieurs documents de salariés turcs, notamment sur leurs bulletins de salaire. Nous "ne savons pas réellement" qui les payaient, a précisé M. Cantou.

Lors de la visite, les inspecteurs ont constaté que des postes de travail avaient été subitement "abandonnés" et ont assisté à la "fuite d'un salarié" alors qu'ils contrôlaient l'un de ses collègues.

"Nous cherchons maintenant à établir la responsabilité du donneur d'ordre, Bouygues-Bâtiment", a expliqué le responsable de l'Urssaf soulignant que celà "n'est pas évident" en l'état actuel du dossier.

Pour la CGT, les demandes d'autorisation de travail de Bouygues-Bâtiment ont été "très rapidement fournies et avec une certaine légèreté" par la Direction départementale du travail des Yvelines et l'OMI.

En juin dernier, le ministre de l'Emploi et de la cohésion sociale Jean-Louis Borloo avait présenté un plan de lutte contre le travail illégal, une pratique, qui "pèse lourdement sur l'économie française", avec un coût évalué à 55 milliards d'euros par an.

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