JERUSALEM, 9 août (AFP) - Un plan d'agrandissement d'une implantation juive de Cisjordanie a été révélé dimanche, témoignant de la détermination d'Israël à poursuivre la colonisation malgré le risque de heurter son allié américain.
Ce projet s'inscrit dans la politique du premier ministre Ariel Sharon
visant à renforcer le blocs de colonisation en Cisjordanie, parallèlement à
l'évacuation de quatre implantations isolées de ce territoire et des 21 que
compte la bande de Gaza.
Le ministre israélien de la Défense Shaoul Mofaz a donné son feu vert à la
construction de 200 logements supplémentaires à Ariel, l'une des plus
importantes colonies de Cisjordanie, a-t-on appris de source officielle.
"Le ministre a approuvé il y a six mois la construction d'une tranche
supplémentaire de 200 logements", sur 2.000 prévus dans le cadre d'un plan de
développement, a indiqué un haut responsable qui a requis l'anonymat.
Le ministère de l'Habitat n'a cependant pas encore lancé d'appels d'offres.
Le maire d'Ariel, Ron Nahman, a confirmé qu'une nouvelle tranche de
logements avait été approuvée, soulignant que le "plan de développement avait
reçu, il y a déjà plusieurs années, l'accord des autorités".
"L'objectif est de porter à 60.000 le nombre des habitants d'Ariel et nous
comptons bien y parvenir", a ajouté M. Nahman.
Ariel, située dans le nord de la Cisjordanie à une quinzaine de kilomètres
à l'est de la "Ligne verte" de démarcation avec Israël, compte 18.000
habitants sans compter les 7.000 étudiants d'un établissement universitaire.
Le 2 août, le gouvernement s'était attiré les critiques de Washington en
approuvant officiellement la construction de 600 logements supplémentaires
dans la colonie de Maalé Adoumim, près de Jérusalem.
"Ce plan risque d'être en contradiction avec la +Feuille de route+" qui
appelle à la fin de toutes les activités de colonisation, avait indiqué une
source diplomatique américaine.
"La Feuille de route", le plan de paix élaboré par le Quartet (Etats-Unis,
Union européenne, Russie et Onu) prévoit l'arrêt des violences de l'Intifada,
un gel de la colonisation israélienne et la création d'un Etat palestinien
d'ici à 2005. Il est jusqu'à présent resté lettre morte.
Par ailleurs, une réunion entre responsables sécuritaires israéliens et
palestiniens qui devait initialement se tenir dimanche soir a été reportée, a
indiqué à l'AFP le ministre palestinien chargé des négociations Saëb Erakat.
"Cette rencontre, devrait, je l'espère, avoir lieu lundi", a affirmé M.
Erakat sans donner de précisions sur les raisons de ce report.
Cette réunion devrait être consacrée aux moyens de coordonner l'action des
responsables israéliens et palestiniens en vue de tenter de mettre fin au
chaos dans les territoires qui ont récemment été le théâtre d'une vague
d'enlèvements et d'affrontements interpalestiniens.
Plus tôt dans la journée, M. Erakat avait précisé que cette réunion "serait
consacrée à la question au déploiement de policiers (palestiniens) armés" dans
des villes de Cisjordanie qu'Israël projette de permettre.
Le chef du gouvernement Ariel Sharon a déclaré que "c'est Israël qui
désignera les policiers palestiniens aptes à porter des armes" tout en
soulignant qu'ils ne seraient armés que de pistolets.
Le général Moshé Yaalon, chef d'état-major israélien, a pour sa part
souligné le caractère limité de cette mesure, relevant qu'elle était
"réversible".
Sur le plan politique palestinien, le ministre de la Justice Nahed
al-Rayyès, qui a présenté il y a quelques jours sa démission au Premier
ministre Ahmad Qoreï, a annoncé dimanche qu'il attendait pour la rendre
effective d'obtenir la réponse de M. Qoreï à son exigence d'avoir autorité sur le bureau du procureur et les tribunaux.
Sur le terrain, un hélicoptère israélien a tiré cinq roquettes dimanche
soir près de Rafah dans le sud de la bande de Gaza, à la frontière égyptienne, sans faire de victime, a-t-on indiqué de sources sécuritaires palestiniennes.