Plus de phosphates dans les lessives en France en 2007
"Il est nécessaire que des décisions fortes soient prises sur certains polluants au niveau national", a expliqué M. Lepeltier, qui présentait la démarche française pour parvenir en 2015 à un "bon état écologique des eaux", en application d'une directive européenne d'octobre 2000.
Selon le ministre, le délai de 2 ans "est nécessaire pour que les industriels puisent adapter leur moyen de production". En interdisant les phosphates dans les lessives, la France va "au-delà de la réglementation européenne", a-t-il souligné.
Le retrait sur deux ans est jugé "parfaitement réaliste" par l'Association française des industriels de la détergence (Afise). Sa déléguée générale Claude Perrin estime que seulement 4% des lessives destinées au grand public utilisent encore des phosphates, soit 10.000 tonnes par an.
L'association UFC Que-Choisir a d'ailleurs salué dans son dernier numéro l'absence totale de phosphates dans les 17 barils de lessive grand public testés pour son magazine.
Selon Mme Perrin, les grands chantiers d'environnement pour les lessives concernent aujourd'hui le dosage des produits (110 grammes de poudre suffisent mais certaines lessives "forcent la dose" dans leurs recommandations) et la consommation d'énergie (mieux vaut laver à basse température).
Les phosphates sont utilisés dans les lessives comme agents "anti-calcaire", empêchant la formation de dépôts grisâtres sur le linge et les incrustations de calcaire sur les machines à laver.
Ils sont remplacés dans les lessives grand public par des substituts (zéolites, NTA, citrate de sodium ...). Mais les industriels, dans la blanchisseries ou les collectivités par exemple, les utilisent toujours, pour des tonnages "du même ordre", soit 10.000 tonnes par an, selon Mme Perrin.
Une concertation est en cours pour leur élimination, mais "les problèmes sont plus difficiles à résoudre, notamment pour le linge des collectivités comme les hôpitaux", pointe Mme Perrin. Si les lessiviers ont peu à peu réduit leur recours aux phosphates, sous la pression des écologistes, l'agriculture les utilise toujours massivement.
Les fertilisants phosphatés ont représenté en France 721.000 tonnes en 2004, selon l'Union des industriels de la fertilisation. La quantité a été divisée par deux depuis 15 ans, selon l'UNIFA. Les phosphates combinés aux nitrates (émis par les engrais et les élevages) sont responsables des phénomènes d'algues vertes (eutrophisation) qui asphyxient les milieux aquatiques : l'oxygène de l'eau se raréfie et les poissons disparaissent des plans d'eau.
La loi sur l'eau qui sera présenté au Parlement en avril prévoit une meilleure protection des cours d'eau, avec la mise en oeuvre de bandes d'herbes les séparant des cultures. Mais le texte n'impose aucune nouvelle taxe sur les pollutions agricoles, au grand dam des écologistes.
Au niveau européen, plusieurs pays ont déjà sévèrement réglementé les phosphates dans les lessives, entrainant leur quasi disparition, comme la Belgique, la Suisse et l'Italie.