Plougastel célèbre les 400 ans de son calvaire ressuscité
Plougastel-Daoulas près de Brest célèbre cette semaine les 400 ans de son
calvaire classé monument historique, ressuscité des bombardements de 1944
grâce à l'initiative d'un soldat américain amateur d'art.
"Comme nous nous frayons un chemin parmi les décombres, j'aperçois près d'une église détruite un calvaire se profiler dans l'ombre. Sa beauté me frappe aussitôt", raconte John Davis Skilton, par ailleurs conservateur du musée de Washington, qui fait mettre à l'abri les morceaux des statues jonchant le sol.
Le calvaire sauvegardé, M. Skilton créé à la fin de la guerre le Plougastel Calvaire Restoration Fund Inc, ayant son siège à New York, afin de recueillir des fonds pour sa reconstruction. Les travaux s'achèvent le 8 août 1949 par une restauration à l'identique. L'Américain francophile est déclaré le 16 juillet 1959 "Citoyen d'honneur de la commune de Plougastel", une distinction officialisée par sa signature sur son livre d'or. Une place de la commune a été baptisée samedi à son nom, en hommage à sa mémoire.
Aujourd'hui, le majestueux édifice, emblème fort de l'architecture religieuse, sort tout juste d'un nouvel épisode de restauration au cours duquel ses 182 statues ont été déposées. Ce dernier toilettage fait avantageusement ressortir la pierre jaune du socle, venant de la commune voisine de Logonna, distincte de cette pierre plus sombre d'origine volcanique de Kersanton dans laquelle sont taillées des figurines, fréquemment utilisée en Bretagne pour les statuaires.
saints "anti-pesteux"
L'histoire de ce calvaire, comme celle des nombreux autres construits en Bretagne, a été rapportée à travers les siècles avec un "mélange de vérité et de légendes", selon le maire Dominique Cap (DVD), 37 ans.
Le monument a probablement été construit en guise d'ex-voto pour remercier le Ciel d'avoir arrêté la peste qui avait sévi à partir de 1598. L'initiative en est attribuée à un seigneur de l'époque, le sire de Kereraod, qui, atteint par le mal, demanda à Dieu d'en être la dernière victime, et promettant la construction d'un calvaire en remerciement.
La présence des statues de Saint Sébastien et de Saint Roch, saints "anti-pesteux", "est une preuve que le monument fut érigé à la suite d'un voeu émis au cours d'une épidémie de peste", selon le maire.
Destiné à faire connaître l'évangile à une population qui ne savait ni lire ni écrire, le calvaire constitue une sorte de livre d'images à ciel ouvert, illustrant des scènes du nouveau testament, de la naissance du Christ à sa mise au tombeau. Chacune de ses quatre faces traite d'un thème précis, avec un sens de lecture pour les scènes présentées.
Tout au long de la semaine, de multiples animations ont été prévues autour du calvaire avec notamment un spectacle rassemblant quelque 250 acteurs et figurants, ainsi qu'une exposition de plusieurs dizaines d'oeuvres du peintre-sculpteur Noël Pasquier, amoureux de l'édifice.