PARIS, 1 déc 2006 (AFP) - Un rapport sénatorial rendu public vendredi a dénoncé l'écart gigantesque entre les promesses de l'Etat en matière de logement en Outre-mer et la réalité des crédits engagés, avec une dette accumulée qui approcherait le milliard d'euros.
Présentant ce document à la presse, Henri Torre, rapporteur spécial du Sénat sur le logement Outre-mer, a accusé le gouvernement de "gestion hasardeuse" et de "politique suicidaire". Et ce que ce soit de la part du ministère de l'Outre-mer ou du ministère du Budget.
Le sénateur UMP de l'Ardèche, estimant que cette dette de l'Etat est "très préoccupante", a également mis l'accent sur le flou qui règne sur les chiffres.
Ainsi, les arriérés concernant les engagements de l'Etat pour le logement en Outre-mer sur la période 1997-2005 seraient de 825 millions d'euros pour la comptabilité spéciale des investissements, mais de seulement 600 M EUR pour le ministère de l'Outre-mer, voire d'à peine 450 M EUR pour le ministère des Finances.
Et cette dette a encore progressé en 2006, avec un écart de 97 M EUR entre les autorisations d'engagements de l'Etat, soit les promesses, et les crédits de paiement, c'est-à-dire les fonds réellement dégagés par Bercy.
En fait, la dette publique en matière de logement dans l'Outre-mer au total "est comprise "entre 500 millions d'euros et 1 milliard d'euros", a accusé M.
Torre.
Cette dette grandissante de l'Etat est d'autant plus inquiétante que l'économie en Outre-mer repose souvent largement sur les fonds débloqués par l'Etat. Ainsi, selon certains opérateurs en Guadeloupe cités dans le rapport du sénateur de l'Ardèche, la commande publique représenterait environ 70% de l'activité du BTP dans ce département, et la moitié de celle-ci concernerait des logements sociaux.