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Le projet de concentration TF1/Bouygues/Socpresse émeut la presse de

Publié le 13 juillet 2004

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PARIS, 9 juil 2004 (AFP) - L'alliance envisagée mais pas encore signée
entre les deux mastodontes, la Socpresse (Dassault) et Bouygues/TF1, alarme
la presse classée à gauche, émue de cette "concentration médiatique" menaçant "le pluralisme", tandis que Serge Dassault énonce ce qui fait "l'indépendance d'un journal".
Alors que Bouygues et sa filiale TF1, la chaîne leader, ne sont pas entrés jeudi comme prévu dans le capital (à 5% chacun) de la Socpresse, l'industriel Serge Dassault, devenu président du groupe de presse, s'adresse à "tous les salariés de la Socpresse".

Son message est publié dans Le Figaro, navire amiral du groupe, dans La Voix du Nord et Nord-Eclair, deux des quotidiens régionaux du groupe fondé par Robert Hersant, publiant plus de 70 titres (Express-Expansion, Dauphiné Libéré, suppléments TV magazine, Version Femina...) et diffusant 6 millions d'exemplaires par jour.

M. Dassault livre son credo sur "ce qui fait la force et l'indépendance d'un journal": confiance des lecteurs, travail de chacun, bonne santé financière, unité autour de valeurs partagées... Pour lui, "il y a de bonnes idées partout, à gauche comme à droite. Il y en a de moins bonnes. Il y en a de mauvaises".

Dans L'Humanité, quotidien communiste, son directeur Patrick Le Hyaric, dans un éditorial intitulé "Presse : Droit d'alerte", voit dans cette alliance un "véritable bigbang du paysage médiatique" et "une concentration de la presse jamais connue jusque-là dans notre pays".

Dans Libération, son patron Serge July estime que "la France avait échappé jusqu'à présent à l'étape suprême de la concentration médiatique, au mariage de la télévision et de la presse quotidienne et du magazine, de mise dans de nombreux pays démocratiques".

Les deux patrons, prenant des voies différentes, déplorent les menaces de cette concentration sur le "pluralisme de la presse" ou "la pluralité des idées".

Serge July s'élève également contre le fait que ces "groupes vivant des marchés publics d'Etat, militaires et travaux d'infrastructures (...) vont contrôler le nouvel ensemble" et estime qu"une logique démocratique de base consisterait à interdire à tous ceux qui vivent des contrats passés avec la puissance publique de pouvoir accéder à une telle ambition".

M. July se tourne vers Bruxelles, estimant que "la concentration qui va s'opèrer, spécialement dans la publicité, est d'une ampleur telle qu'elle constitue une véritable menace pour la concurrence. L'avis de Bruxelles sera capital pour la liberté de la presse". TF1 règne sur 54,7% de part du marché de la publicité télévisée (2003) et la Socpresse représente quelque 20% du marché publicitaire de la presse.

François Boissarie, premier secrétaire du Syndicat national des journalistes, veut interpeller "les hommes politiques français" et "les structures européennes" qui ne peuvent assister "passivement" à cette concentration.

Cet ancien délégué syndical du Figaro veut "s'adresser aux organismes européens décisifs pour les placer devant leurs responsabilités en leur disant +vous avez validé à un stade X une prise de contrôle, nous nous trouvons aujourd'hui et cela vous concerne vous, organismes européens, face à une concentration beaucoup plus vaste+".

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