France: rien n'arrête la flambée des prix de l'immobilier
ont continué de grimper depuis le début de l'année, alimentant la crise que
connaît le secteur du logement avec une distorsion entre demande trop
abondante et offre insuffisante.
Les experts tablaient pourtant ces derniers mois sur un ralentissement, une sorte pause qui aurait permis de faire respirer un peu le marché. Mais les chiffres viennent de contrecarrer les pronostics, pour en devenir même "inquiétant" aux dires des notaires parisiens. Si bien que le déséquilibre entre la demande, trop abondante, et l'offre de logements, insuffisante, s'accroît. "Quand on est obligé de rejeter les demandes de neuf acquéreurs sur dix, selon les marchés, ce n'est pas normal", explique Bernard Grech du réseau Orpi, pour qui le marché n'est pas sain.
Car les Français semblent privilégier la pierre, éternelle valeur refuge, et délaisser les placements boursiers, se montrant également soucieux de se constituer un patrimoine pour leur retraite.
Depuis quelques années, les demandes de logement s'accroissent également en raison des "phénomènes de décohabitation", autrement dit la recrudescence des divorces, l'apparition des familles recomposées... "Le besoin de logement croît plus vite que la population", résume Hervé Bléry, président du réseau Century 21.
De l'autre côté, l'offre ne suit pas. "Depuis au moins 20 ans, elle est insuffisante", estime Olivier Eluere, économiste au Crédit Agricole. Pourtant les Français continuent d'acheter, poussés par des prêts à des taux intéressants.
Mais, si la hausse continue, le risque de "désolvabilisation des ménages" existe, surtout si une remontée des taux d'intérêt intervenait trop brutalement, préviennent les professionnels.
En Ile-de-France, région qui construit très peu de logements et où les terrains sont chers, le déséquilibre est particulièrement saillant. Dans le département de la Seine-Saint-Denis, les villes de Pantin et de Montreuil ont franchi les 30% de hausse sur les trois premiers mois de l'année.
Alors les ménages qui ne peuvent pas acheter en centre ville, se reportent sur des logements à l'extérieur de l'agglomération, ce qui contribue également à une hausse généralisée des prix.
Sans compter que certains "micro-marchés" en Bretagne et dans le sud-ouest augmentent du fait des investissements étrangers, essentiellement des britanniques, amateurs de vieilles pierres françaises.
Cette hausse des prix rend plus difficile l'achat de la première maison ou du premier appartement, pour les ménages les plus modestes, voire les classes moyennes. "Même si les prix sont en forte hausse, ce ne sont pas des hausses hyper soutenues comme au Royaume-Uni ou en Espagne", tempère cependant M. Eluere, qui exclut toute crise immobilière du type que celle que la France a connu dans les années 90.
Selon une étude de CDC Ixis publiée en juillet, le risque de crise immobilière en cas de remontée des taux d'intérêts est élevé au Royaume-Uni, en Espagne, en Australie, moins élevé au Etats-Unis, mais faible en France.