Canton se dote du plus grand aéroport de Chine et menace Hong Kong
inauguré jeudi dans la métropole méridionale de Canton, illustrant le
développement fulgurant du pays et rivalisant avec Hong Kong, de plus en plus menacé par le continent.
Situé dans la province du Guangdong, le coeur industriel de la Chine d'où partent un tiers des exportations, l'aéroport international de Baiyun, une réalisation américano-chinoise, peut gèrer 25 millions de passagers et un million de tonnes de frêt par an.
Avec l'ajout d'une troisième piste, prévu en 2010, et éventuellement de deux autres plus tard, ce sont 80 millions de passagers et 2,5 millions de tonnes de frêt qui pourront transiter par les installations.
D'un coût de 19 milliards de yuans (2,4 milliards de dollars) pour une superficie de 15 Km2, qui en fait le plus grand aéroport de Chine, Baiyun doit acquérir une position centrale sur le marché régional, aux dépens de son voisin hongkongais.
Chek Lap Kok, l'aéroport de l'ex colonie britannique ouvert en 1998 est le premier du monde pour le transport des marchandises. Mais les toutes nouvelles installations de Baiyun, à un peu plus de cent kilomètres, vont lui prendre une partie de sa clientèle.
Le directeur de la Hong Kong Airport Authority, David Pang, l'a reconnu récemment. "Les deux aéroports doublonnent et vont entrer en concurrence pour le trafic passagers comme marchandises", a-t-il dit.
Le Guangdong attendait depuis des années un nouvel aéroport pour rattrapper son retard sur les deux autres mégapoles chinoises, Pékin et Shanghai.
C'est chose faite avec une capacité de 9.300 passagers et 67 décollages et atterrissages par heure aux heures de pointe.
La menace est d'autant plus réelle pour Hong Kong que 80% de tout le trafic marchandises que traite son aéroport provient du Guangdong, représentant plus d'un quart en valeur du commerce extérieur du territoire.
Sunny Ho, directeur exécutif de l'organisation professionnelle Hong Kong Shippers' Council, estime que Hong Kong va se retrouver face à un formidable défi si les géants américains du frêt, comme United Parcel Service et FedEx, décidaient de faire de Canton leur plate-forme asiatique.
"UPS et FedEx ont leurs propres équipes de marketing, leurs systèmes de distribution et leurs équipages. Il leur est très facile de quitter Hong Kong pour Canton s'ils le veulent", dit-il, jugeant "impossible" que Hong Kong reste leur unique choix.
La situation de Hong Kong est aussi fragilisée par un nouvel accord signé la semaine dernière entre la Chine et les Etats-Unis qui va permettre aux sociétés américaines d'accroitre considérablement leurs opérations en Chine et dont on attend un quintuplement du trafic passagers et marchandises dans les six prochaines années.
FedEx, No un mondial des livraisons-express, ne fait pas mystère de ses projets d'expansion en Chine et a signé un accord en décembre d'exploration des possibilités au Guangdong. UPS, également très actif en Chine, projette d'étendre ses services à Canton et d'y implanter son centre régional.
"La croissance du PIB dans le sud de la Chine est de 12-13% et les échanges augmentent de près de 20%. Hong Kong est incapable d'y répondre seul. Il faut être présent" à Canton, dit son patron pour Hong Kong et Macao, Leung Kwok-kee.
L'aéroport de Hong Kong, 35 millions de passagers et trois millions de tonnes de frêt par an, possède toujours des avantages en termes d'infrastructures modernes.
Mais il a été forcé à réduire ses droits d'atterrissage sur de nouvelles destinations et l'Organisation mondiale du tourisme prévoit déjà que la Chine deviendra le pays le plus visité du monde au cours des dix prochaines années.