Bras de fer entre les élus et la Poste dans les campagnes du Morbihan
services publics dans les campagnes qui risque de relancer la désertification en Centre Bretagne, les élus du Morbihan, de droite comme de gauche, s'inquiètent des projets de fermeture partielle de bureaux de postes.
Mi juin, près de 1.000 personnes ont manifesté pour les mêmes raisons, à Langonnet, au coeur de ce secteur de 25.712 habitants. "Sous prétexte d'efficacité, la durée du service serait divisée par trois à quatre", au détriment du bancaire, dans le projet que La Poste veut concrétiser avant 2005, a calculé Christian Derrien, maire de Langonnet. La poste y estime le travail effectif à treize heures contre 33 d'ouverture hebdomadaire.
Les syndicats ont communiqué à l'AFP une copie du projet, confirmée par les élus, et qui est une déclinaison locale d'un plan national. Au pays du roi Morvan, l'entreprise souhaite ne maintenir des "bureaux de poste de plein exercice" que sur les trois chefs de lieu de canton pour remplacer les autres (sept selon les élus) par une "présence postale adaptée à la fréquentation" des guichets, a indiqué la direction départementale.
"Ils sont dans une logique financière. Nous sommes dans une logique de service public et d'aménagement du territoire", regrette Michel Morvant, président UMP de la communauté de commune, à l'origine du vote du département.
La Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (Datar) soulignait en septembre que marginaliser les territoires ruraux "contribuerait à accentuer les inégalités sociales et ne serait pas écologiquement durable".
"opération monétaire"
"Tout ce qui ne correspond pas à une opération monétaire, comme le conseil, l'ouverture d'un compte n'est pas pris en considération par la Poste" dans ses calculs sur le travail effectif, affirme Nadia Matthias, de la CFDT-PTT. Or le conseil occupe une place importante dans les campagnes où la population est souvent âgée. "Les personnes âgées viennent souvent avec leurs factures, pour qu'on remplisse le chèque", raconte une guichetière.
Libre aux communes de payer les heures que La Poste ne juge pas utiles, ajoute l'entreprise qui prépare l'ouverture totale de son marché à la concurrence européenne en 2010. "Trop cher", répondent les élus qui refusent que La Poste "se défausse" de ses obligations publiques.
Quant aux points postes chez les commerçants, s'ils sont ouverts plus tard, ils posent un problème de "confidentialité", relève M. Morvant. Et les services y sont restreints. Ils peuvent être un plus dans des villes dortoirs, mais ce n'est pas le cas de la plupart des communes menacées dans le Morbihan, poursuit l'élu UMP. "Si les gens doivent aller au chef lieu de canton, ils y feront aussi leurs courses et les (plutôt nombreux) commerçants de ma commune fermeront", s'inquiète Ange Le Lan, maire de Meslan.
D'autant que les perceptions et les hôpitaux notamment sont menacés de repli, ajoute-t-on au Centre d'action sociale du Faouët. Les élus craignent que ne soit remis en cause l'arrivée de nouveaux habitants qui tendaient ces dernières années à compenser le vieillissement de la population.