Le groupe avait prévenu en septembre qu'il lui serait difficile de réaliser l'objectif de croissance de 6% du résultat d'exploitation courant pour 2005, le qualifiant alors d'objectif "tendu" et de "défi". Mais, signe encourageant selon certains analystes, le cimentier a publié un chiffre d'affaires de 15,97 milliards d'euros, en hausse d'environ 10,6% par rapport à 2004, au-delà des prévisions des analystes. Le consensus calculé par l'agence First Call table sur l'annonce jeudi d'un bénéfice net en hausse de plus de 15% à 1,002 milliard d'euros pour l'ensemble de l'année 2005, au regard des 868 millions d'euros dégagés en 2004.

L'arrivée de Bruno Lafont à la direction générale à la place de Bernard Kasriel début janvier a apparemment suscité des attentes chez les analystes. Ainsi, la banque d'affaires américaine Morgan Stanley, qui prévoit un bénéfice opérationnel de 2,340 milliards d'euros (+2%), cite parmi ces attentes, pêle-mêle, un retrait de la branche toiture, une annonce de restructuration ou des objectifs financiers plus clairs. BNP Exane Paribas avait aussi précédemment évoqué des "possibles restructurations", sans plus de précisions. Au siège du groupe, on fait monter le suspense en renvoyant à jeudi et l'annonce officielle des résultats par le tout nouveau DG.

Bruno Lafont, entré dans le groupe en 1983, a déjà pris sa première décision de directeur général en lançant une offre d'achat de 2,5 milliards d'euros sur sa filiale nord-américaine, Lafarge North America (LNA). Lafarge détenait jusqu'à présent 53,2% de LNA et a proposé de racheter pour 75 dollars l'action les parts des actionnaires minoritaires. Cette opération a été bien accueillie par le marché, qui l'attendait depuis longtemps, car elle va permettre à Lafarge de mieux contrôler LNA et d'en capter tous les bénéfices.

L'offre pourrait être officiellement déposée mardi, a-t-on appris auprès du groupe. Depuis l'annonce de l'offre, plusieurs plaintes en nom collectif d'actionnaires minoritaires ont été lancées aux Etats-Unis au motif que le prix était insuffisant. Lafarge, qui explique que ces procédures sont tout à fait courantes, estime que "l'offre est valable". Quant à la montée surprise du milliardaire belge Albert Frère à hauteur de 6,5% du capital du groupe, qui en fait le premier actionnaire et a pu inspirer les craintes de restructurations des analystes, on tente de la banaliser au siège de Lafarge.

On explique que le financier belge a fait part régulièrement de ses achats et n'a pas demandé de siège au conseil d'administration.