Pour construire à Aubervilliers, les promoteurs devront aussi construire à Saint-Dizier
C’est un partenariat étonnant qui a été noué entre la ville d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et la ville de Saint-Dizier (Haute-Marne).
Alors que la première attire fortement les promoteurs immobiliers, la seconde, elle, est désertée en raison d’un double déclin économique et démographique.
« Nous sommes l'archétype de ces centaines de villes moyennes qui ont été frappées par la désindustrialisation », explique Quentin Brière, mairie LR de Saint-Dizier.
Par « solidarité territoriale », la ville d’Aubervilliers a donc annoncé que tout promoteur qui souhaiterait construire des logements sur son territoire, devra également proposer un projet à Saint-Dizier.
La convention, à l’initiative de Grand Paris Aménagement, groupement d’aménageurs public d’Île-de-France, vise à promouvoir la construction de logements dans la sous-préfecture de Haute-Marne, qui compte 23 000 habitants.
Pour ce faire, deux terrains ont été jumelés. Les promoteurs qui souhaitent présenter un projet à Aubervilliers devront répondre sur les deux lots. Le promoteur sélectionné devra d’abord déposer un permis de construire à Saint-Dizier pour pouvoir construire à Aubervilliers.
Une mesure visant la « solidarité territoriale »
Dans la commune de Seine-Saint-Denis, le quartier « Cœur de Fort » doit ainsi accueillir 88 nouveaux logements, et le centre-ville de Saint-Dizier, 55 logements.
Au sein de la ville de Haute-Marne, la fermeture de deux collèges a en effet libéré 40 000 m2 de foncier dans le centre-ville, mais la commune peine à attirer les promoteurs, entre incertitude sur la présence d’acquéreurs et faiblesse du prix de vente.
« L'opérateur ne perdra pas d'argent en allant à Saint-Dizier. Simplement, le risque est plus élevé, donc on va récompenser ce risque en lui donnant un droit à construire à Aubervilliers », souligne M. Brière, pour qui Aubervilliers « ne perd rien dans cette démarche mais s'engage clairement dans la solidarité territoriale ».
Rappelons que les promoteurs connaissent depuis quelques mois une crise d’ampleur avec la chute des réservations de logements avec la période d’inflation, de hausse des taux d’intérêt et des coûts de construction.
Claire Lemonnier (avec AFP)
Photo de une : Adobe Stock