Le plan d’urgence pour l’emploi ne fait pas l’unanimité
Avant même l’annonce du plan, Jean-Christophe Lagarde (UDI) avait lui fustigé « une opération assez indigne de maquillage » des chiffres du chômage, des propos similaires à ceux des Républicains qui, par la voix d’Eric Woerth, ont dénoncé un « mensonge éhonté ».
Relance de l’emploi : quelles garanties pour les salariés ?
Le plan d’urgence, présenté par François Hollande, inclut une prime à l’embauche de 2 000 euros par an pour les entreprises de moins de 250 salariés qui recrutent des salariés en CDI ou en CDD (de plus de 6 mois) à des salaires proches du SMIC.Par ailleurs, il prévoit la transformation du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) en « baisse définitive de charges sociales » au-delà de 2017.
Pierre Gattaz, président du Medef, a déclaré que ces mesures allaient dans le bon sens mais qu’il attendait des « mesures concrètes ». Le Medef souligne qu’il aurait été préférable d’instaurer des allègements de charges dans la durée au lieu de mettre en place une prime au caractère « évanescent ».
Les annonces réalisées par le chef de l’Etat concernent également la réforme du code du travail et la mise en place du compte personnel d’activité afin de créer « une société du travail », voie unique entre « le libéralisme et l’immobilisme », une disposition qui n'a pas manqué de créer la polémique.
« Avant la gauche voulait sécuriser l'emploi. Aujourd'hui Hollande veut sécuriser les licenciements. Cherchez l'erreur », a déclaré Clémentine Autain (Ensemble).
Dans les rangs mêmes du PS, le député frondeur Christian Paul a jugé que « l'ultime plan contre le chômage n'est ni suffisant, ni différent », n'offrant « qu’une seule certitude : la baisse des protections des salariés ».
2 milliards d’euros, c’est l’investissement prévu pour la mise en œuvre du plan d’urgence : « 2 milliards d’euros pour surtout maquiller les chiffres du chômage, c’est cher payé » a commenté Eric Coquerel, coordinateur politique du Parti de gauche sur son compte Twitter.
« Entre le libéralisme sans conscience et l'immobilisme sans avenir, Hollande invente le libéralisme sans résultats », a ajouté, Laurent Baumel (PS).
Au PCF, Pierre Laurent a pointé « une incohérence majeure » avec « zéro garantie » d'emploi pour les salariés et « l'amplification » de « dispositifs qui n'ont pas fait leurs preuves » comme le CICE ou le Crédit impôt recherche.
Quant au Front national, il a estimé que le « énième plan pour l'emploi » de François Hollande n'était « rien d'autre qu'un plan de candidature pour la Présidentielle de 2017 ».
La réaction des syndicats ne s’est pas fait attendre
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a exprimé son désaccord vis-à-vis du futur plafonnement des indemnités prud’hommes, qui « priverait les salariés victimes d’un licenciement abusif du droit à la réparation intégrale de leur préjudice ». Il ne faudrait pas que le « gouvernement ne sacrifie la sécurité des salariés à celle des entreprises », a-t-il indiqué dans un communiqué.500 000 formations pour les chômeurs, 50 000 nouveaux contrats d’apprentissage… mais qu’en est-il de la capacité d’accueil des organismes de formation, ainsi que les débouchés ?
C’est la question que se pose la CGPME déclarant « On reste très dubitatifs », tandis que la CFDT insiste sur « l'opérationnalité de ces formations » pour « arriver à un retour à l'emploi ».
De son côté, Carole Couvert, présidente de la CFE-CGC, estime que «Ca n’est pas la formation qui va créer de l’emploi ».
Jean-Claude Mailly (FO) a lui fustigé un « PLA, programme libéral accentué (…) sans un mot » pour « garantir le financement de la protection sociale ».
Des simplications pour l'autoentreprise
En ce qui concerne le soutien à l’entreprenariat et l’allègement des qualifications requises, l’UPA et l’UNAPL dénoncent « la volonté de supprimer l’exigence de qualification pour exercer certains métiers et la dérèglementation de certaines professions ».Le syndicat ajoute : « il n’est pas acceptable que les entreprises de droit commun qui subissent déjà un coût du travail record, et la concurrence déloyale des travailleurs détachés, des micro-entrepreneurs, de l’économie collaborative, se trouvent en plus concurrencés par des entrepreneurs précaires, non qualifiés, qui déstabiliseront le marché et qui ne pourront garantir la santé et la sécurité des consommateurs et des salariés ».
« Une fois encore, malgré la volonté affichée de légiférer en direction des TPE-PME, nos gouvernants continuent de mener une politique qui privilégie les grands groupes au détriment de 98% des entreprises françaises qui emploient moins de 50 salariés », regrette l’UPA et l’UNAPL.
La Fédération française du bâtiment (FFB) a de son côté déclaré que le plan d’urgence « va dans la bonne direction » mais qu’il n’aura de réels effets sur l’emploi qu’à plusieurs conditions.
Jacques Chanut, le président de la FFB, réagit : « les mesures annoncées sont de nature à déverrouiller le marché de l’emploi, seulement et seulement si une cohérence d’ensemble est conservée dans toutes les annonces du gouvernement. »
En effet, la FFB souligne qu’il est peu logique de vouloir former des chômeurs sans lutter davantage contre le travail illégal détaché, et de développer l’apprentissage et la professionnalisation des jeunes en entreprise tout en élargissant le statut de l’auto-entreprise.
R.C (Avec AFP)