Le Grand Paris adopté en Conseil des Ministres
Aucune grande surprise mais la confirmation de certaines annonces passées, notamment un grand métro automatique en rocade autour de la capitale. Et surtout, un grand absent, Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, alors que ce dernier a largement contribué au projet, et notamment à la révision du Sdrif, le schéma directeur de la région. Le plan de transport avec un métro en rocade, par exemple, c'est lui. Le Conseil économique et social régional (CESR) rappelle d'ailleurs que le Sdrif, adopté le 25 septembre 2008 par la Région, n'a toujours pas été transmis par l'Etat au Conseil d'Etat.
La compétition des métropoles
Quant aux dix équipes d'architectes consultées, si on ignore de quelle façon leurs idées ont contribué au texte final, il en est tout de même fait mention, signe que l'Elysée ne les a pas totalement oublié. Petite nouveauté : l'annonce officielle de la création d'un maître d'ouvrage pour assurer le suivi de ce gigantesque chantier. Ce sera la « Société du Grand Paris » qui doit soutenir Paris dans « la compétition à laquelle se livrent les grandes métropoles ». Dans cette Société, régions et département sont représentés... mais l'Etat y reste majoritaire.
Selon l'Elysée, les collectivités territoriales de la région ont « enrichi » le projet de loi. Il est précisé qu'elles seront consultées sous forme de « partenariat » sur les questions relatives à l'urbanisme et à l'aménagement. En fait, la Société du GP pourra signer des contrats de développement territorial (CDT) avec les collectivités locales. Des contrats qui préciseront les aménagements des terrains appartenant aux collectivités près des gares, même s'ils viennent contredir le Sdrif. Cette dernière disposition a suscité la colère de nombreux élus de gauche et de droite qui y voient une remise en cause de la décentralisation.
Critiques de tous bords
Les députés PS Caffet et Bricq estiment que « mené sans concertation avec les élus territoriaux, ce projet repose sur une ambition technocratique au motif exclusif de la compétitivité des entreprises » Pour eux, « l'urgence commande la réalisation rapide de nouveaux moyens de transport à disposition des franciliens (et) les travaux de Paris Métropole, ceux de la région Ile-de-France, des intercommunalités et de la ville de Paris (seront) anéantis par une loi qui fait croire qu'il suffit d'annoncer un projet pour qu'il sorte de terre ».
Pas mieux à droite. Le député UMP Henri Plagnol disait hier qu'il ne pouvait « voter en l'état » le projet de loi, s'élevant contre une « densification forcée » des villes de proche banlieue. Il estime que les pouvoirs de préemption donnés à la Société du GP « remettent en cause les acquis fondamentaux des lois de décentralisation et sont contraires au principe constitutionnel d'autonomie des collectivités locales ». A suivre.
Laurent Perrin