La Seine-et-Marne teste le recyclage de ses routes
L’entretien des routes engendre des déchets et des nuisances pour les ouvriers et le voisinage. Un kilomètre de route représente 1 000 tonnes de matériaux pollués qui sont évacués par camion de 25 tonnes. Cette opération soulève des poussières polluées sur le chantier et emplit toujours plus les décharges de produits dangereux… En testant le procédé Recyclean, mis au point par Eiffage Route, la Seine-et-Marne contribue à son expérimentation, tout en faisant un pas vers des chantiers routiers durables.
Une expérimentation
« Le département a une problématique : il ne sait pas quoi faire de ses chaussées polluées », explique, pour Batiweb, Dominique Pernier, chef de service patrimoine à la direction des routes du département. En 2017, il répond à l’appel du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA), en expérimentant une technique de recyclage de bitume usagé, sur une portion routière d’un kilomètre. « On a eu cette possibilité de le réutiliser, en plus de l’aspect sanitaire et environnemental très intéressant de la technique, se souvient Dominique Pernier. Nous avons travaillé avec le Cerema, mandaté par l’Etat, car cette technique a besoin d’être expérimentée ».
Recyclean a gagné, en 2015, le Trophée des Travaux publics et du Comité innovation routes et rues mais pour être expérimenté et validé ce procédé a besoin d’être testé. Traditionnellement, chaque chantier routier est soumis à des contrôles : présence d’amiante et taux des Hydrocarbures aromatiques polycycliques, les fameux HAP très polluants. La technique de réemploi employée sur un kilomètre de route, en Seine-et-Marne, est faite à froid, avec « brumisation sous cloche », explique Germain Brun, chargé d’études chaussée. Le matériau non chauffé ne dégage alors pas de vapeur d’HAP ; la brumisation quant à elle, empêche les poussières de s’échapper.
Un nouveau chantier pour l’été
Tout le chantier a été suivi de près avec la mesure du taux de HAP dans l’air et la terre, en temps réel. Les ouvriers eux-mêmes portaient des capteurs afin d’évaluer l’impact sur leur santé.
Le recyclage de bitume s’effectue directement sur le chantier. « Il n’y a pas de déchet, pas de camion qui partent et reviennent… Tout est fait sur place avec un seul atelier et il n’y a plus d’émanation de HAP sous forme vapeur, résume Germain Brun. C’est même plus rapide qu’un chantier classique ! ». La seule contrainte que relève le chargé d’études est que cette technique doit être utilisée pour des chaussées avec « un trafic faible » car « il faut dévier la route, on ne peut pas faire d’alternance ».
Qu’à cela ne tienne, les avantages semblent avoir pesé plus fort dans la balance : le département de la Seine-et-Marne a déjà projeté de renouveler l’expérience à l’été 2019.
Propos recueillis par Lise Chastang
Photo de Une : © Département Seine-et-Marne