La Maison du Bâtiment à Rennes, siège de la Fédération Départementale du Bâtiment et des Travaux Publics, ouvre de nouveau ses portes, après 12 mois de travaux de rénovation importants. Marqué par son architecture originale en forme d’étoile, ce bâtiment datant de près de 40 ans, était devenu très énergivore : il vient d’être modernisé et adapté aux nouvelles exigences environnementales.

Conçu en 1977 par l’architecte Georges Maillols, qui a marqué la rénovation urbaine de la ville de Rennes dans les années 70, et à ce titre répertorié, le bâtiment en forme d’étoile de la FBTP 35 était devenu inadapté aux besoins de ses diverses utilisations (bureaux de la Fédération, salles de réunion et formations). Vieillissant et énergivore, sa rénovation s’imposait aussi face aux nouvelles normes en matière d’environnement et d’accessibilité au public. Pour l’architecte de cette rénovation, Pascal Jan, «il a fallu plonger la Maison du Bâtiment dans un bain de jouvence, tout en préservant la lecture du bâtiment initial».

Les 3 objectifs de la rénovation :
1) Diviser par deux la consommation énergétique du bâtiment
2) Mettre le bâtiment en conformité avec les normes d’accessibilité
3) Moderniser le bâtiment

LP

1) Diviser par deux la consommation énergétique du bâtiment

Un bilan thermique a été réalisé par la Société POLENN de Pacé, en trois temps. Celle-ci a tout d’abord émis un diagnostic énergétique (analyse des factures, visite du bâtiment pour en repérer les principaux dysfonctionnements ainsi que la réalité de sa « vie thermique »). Une simulation thermique dynamique a ensuite été effectuée pour reproduire le comportement thermique du bâtiment et le modéliser. Enfin, une simulation des optimisations prévues a été réalisée.

Ce bilan a révélé 4 problèmes majeurs :

• Un bâtiment à l’architecture très complexe, en forme d’étoile, avec une multitude de pans coupés et une quadruple exposition (360°).

• Une consommation énergétique très élevée due à une isolation datée, mais similaire à d’autres bâtiments construits à la fin des années 70.

• Des problèmes importants d’inconfort thermique pour les utilisateurs et visiteurs, malgré différents modules de climatisation installés au fil des années. D’autre part, le bâtiment réunit deux types différents d’utilisation : bureaux à l’étage, et salles de réunion au rez-de-chaussée.

• Un coût d’exploitation – entretien de la climatisation – absolument prohibitif, en raison notamment du nombre de modules installés.

Les solutions : une rénovation énergétique exemplaire

Les travaux de rénovation énergétique ont donc eu pour objectif de réduire le coût des consommations énergétiques, d’améliorer le confort du bâtiment et de diminuer son impact sur l’environnement. À la suite de ces travaux, la consommation en énergie sera divisée par deux et passera de 205 KWh/m2 (usage réglementaire) à environ 100 KWh/m2.

• La réduction du coût énergétique et l’amélioration du confort des usagers du bâtiment ont tout d’abord été assurées par des travaux d’isolation, de protection solaire et de ventilation. Des études ont été menées simultanément sur l’enveloppe thermique du bâtiment et la mise en oeuvre d’un système de chauffage/refroidissement.

Les travaux d’isolation ont porté sur les rampants, les parois verticales, le bardage et le vitrage. Pour améliorer l’étanchéité à l’air, il a été procédé au remplacement de la totalité des baies vitrées comportant des doubles vitrages performants, et en fonction des différentes orientations du bâtiment, le coefficient de protection solaire a été modulé. De cette manière, les apports solaires ont été minimisés dans les bureaux au sud et à l’ouest. L’ensemble des menuiseries extérieures ont été remplacées. Les ouvertures coulissantes sont dorénavant battantes pour une meilleure étanchéité à l’air. Des tests d’infiltrométrie ont été réalisés dans les bureaux en cours de travaux pour vérifier et améliorer l’étanchéité. Des brises soleil ont été installés tout autour du bâtiment entre les deux niveaux. La coupole centrale en verre qui présentait des problèmes d’étanchéité à l’air a aussi été remplacée.

Les travaux de ventilation : une ventilation double flux a été installée, avec deux ventilateurs, un extrayant l’air vers l’extérieur, et un second le soufflant vers les différentes pièces intérieures. Ce système récupère la chaleur de l’air expulsé du bâtiment et l’utilise pour préchauffer l’air neuf introduit dans le bâtiment. Equipé d’un échangeur haut rendement, cette solution permet de réduire les déperditions énergétiques, en récupérant l’énergie gratuite contenue dans l’air expulsé.

Des poutres climatiques (ou poutres froides) ont été installées dans les plafonds des salles de réunion pour permettre de réguler leur température en utilisant l’air ambiant : c’est un système de ventilation plus efficace que les systèmes traditionnels, ne nécessitant ni filtre, ni système d’évacuation de la condensation, et ne générant pas d’effet de courant d’air inconfortable.

• Installation d’une double pompe à chaleur couplée à de la géothermie.

Choisir un système de chauffage et refroidissement adapté a été crucial dans ce chantier, l’objectif d’économie d’énergie à atteindre étant élevé. Un tiers du coût de cette rénovation a porté sur le système chauffage.

Le choix du gaz de ville a été exclu d’emblée, faute de raccordement au réseau, le chauffage au bois ne résolvait pas le problème du refroidissement en été et posait un problème de stockage. Le choix d’une double pompe à chaleur : Une pompe à chaleur (PAC) est un dispositif thermodynamique permettant de transférer une quantité de chaleur d’un milieu considéré comme « émetteur » (milieu fournisseur) vers un milieu « récepteur ».

Pour les PAC installées à la Maison du Bâtiment, le milieu émetteur est le sol (PAC couplées à de la géothermie) : par les 10 puits forés à 100 mètres de profondeur, un réseau de canalisations de 4 km de longueur permet de récupérer la température constante du sous-sol et de la restituer par un collecteur aux PAC.

L’innovation : deux pompes ont été installées, au lieu d’une comme c’est généralement le cas, pour mieux réguler la température du bâtiment. Il est ainsi plus facile d’avoir une température constante tout au long de l’année, de mieux gérer les périodes de demi-saison, et de répondre à une demande simultanée de chauffage et rafraîchissement en fonction de l’exposition des pièces et/ou de leur utilisation (ex. rafraîchissement d’une salle de réunion bondée en hiver et chauffage des bureaux).

Il s’agit d’un système très économique et très régulier dont le coût d’entretien est proche de zéro. En France, on considère que la consommation énergétique d’une pompe à chaleur est, en moyenne, trois fois moins élevée qu’un système de chauffage traditionnel, électrique ou bien à énergie fossile. 

2) Mettre le bâtiment en conformité avec les normes d’accessibilité

Grâce aux travaux réalisés, la Maison du Bâtiment est désormais en conformité avec la loi du 11 février 2005 dite loi « handicap » concernant le cadre bâti.

Une nouvelle rampe d’accès et un élévateur ont été installés. La circulation à l’intérieur du bâtiment a été améliorée, rendant accessibles toutes les parties de cette construction aux personnes à mobilité réduite. 

3) Moderniser l’intérieur du bâtiment

L’entrée principale du bâtiment a été repensée pour être mieux identifiable : un volume correspondant à un sas a été créé.

La décoration du bâtiment a été modernisée lors de la rénovation intérieure : l’espace central a été aménagé avec l’installation d’un nouvel escalier bois-métal aux lignes pures, en accord avec l’architecture d’origine. L’escalier a été déporté sur le côté droit du hall central pour permettre une meilleure circulation au rez-de-chaussée. L’escalier et les garde-corps en acier ont été dessinés spécifiquement par le cabinet d’architecture Liouville-Jan pour s’adapter au style du bâtiment.

La fluidité de circulation à l’intérieur de bâtiment été améliorée, et la signalétique revue. L’ensemble du bâtiment a été câblé et les salles de réunion ont été modernisées avec l’ajout de la visio-conférence. Le dispositif d’éclairage a été amélioré (lampes à led).

Une mise en valeur de l’expertise locale :

Le marché de la rénovation énergétique

En France, le marché de la rénovation énergétique est en croissance, sous l’effet de trois facteurs :

- La mise en œuvre du Grenelle de l’Environnement, avec son volet Plan Bâtiment Grenelle (2009) qui a pour mission de piloter la mise en œuvre et le déploiement des mesures du programme de réduction des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre des bâtiment.

- L’augmentation de la consommation d’énergie qui pousse à chercher des solutions énergétiques efficaces et économiques.

- La nécessité d’améliorer la valeur patrimoniale des biens immobiliers, ce que leur rénovation énergétique permet.

Chiffres clés construction durable en Bretagne :

Le secteur du bâtiment (résidentiel et tertiaire) concentre 45% de la consommation d’énergie finale en Bretagne devant les transports (34%). En Bretagne, le parc de bâtiments tertiaires existants totalise 40 millions de m² à rénover pour un coût estimé entre 10 et 13 milliards d’euros. Celui des résidences principales s’élevant à 107 millions de m².

Le potentiel de réduction des consommations d’énergie finale varie de 20% à 50% selon le niveau des travaux. Le potentiel de réduction d’émission de gaz à effet de serre varie de 27% à 62%. Le chiffre d’affaires du marché de la construction durable en 2011 est estimé à 2 633 M€ HT (soit 35% du CA Bâtiment), dont 910 M€ HT en entretien-amélioration. Ce chiffre d’affaires de 910 M€ en 2011 lié à la rénovation durable devrait passer à 1 560 M€ en 2015.

(source cellule économique de Bretagne - 2011)