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Cachez donc ce périphérique que l'on ne saurait voir

Publié le 25 avril 2013

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Inauguré par le Premier ministre Pierre Messmer le 25 avril 1973 après 13 ans de travaux, le périphérique parisien fête ses quarante ans. L'image de ce passage obligé pour beaucoup d'automobilistes s'est dégradée depuis, et pour ses quelques 100 000 riverains, le « périph », c'est avant tout du bruit et de la poussière.
Cachez donc ce périphérique que l'on ne saurait voir - Batiweb

Construit de 1960 à 1973 au-delà de l'emprise proprement dite de l'enceinte de Thiers, en bordure de la « Zone », le périphérique parisien, c'est d'abord un maillage imposant : 35,04 km de route, 54 km d'échangeurs et de bretelles, avec 110 km de murets en béton. Soit, au bas mot : 1 000 000 m² de chaussée principale, 380 000 m² de bretelles de raccordement et 300 000 m² de trottoirs de service. Aujourd'hui, c'est l'autoroute urbaine la plus fréquentée d'Europe : 1,3 million d'usagers chaque jour (1,1 million de véhicule).

« Les parisiens étaient très curieux de chaque nouveau tronçon » à sa construction, explique sur France InfoJean-Louis Cohen, architecte, spécialiste du périphérique parisien et auteur Des fortifs au périf, chez Picard. « C'était l'actualité pendant une vingtaine d'années ». Devenu bruyant, polluant et saturé, le périphérique ne peut rester en l'état et la question du réaménagement de l’espace périphérique se pose.

Réarticuler cet anneau qui entoure Paris

Pendant que les autres capitales d’Europe s’ouvraient sur leurs banlieues et les assimilaient, Paris se recroquevillait derrière ce long rempart routier. Le périphérique est une véritable frontière entre Paris et sa banlieue, mais ce n'est pas pour cela qu'il faut le supprimer, estime Jean-Louis Cohen. « Ce serait un peu excessif et le système de circulation parisien en souffrirait beaucoup. En revanche on peut certainement réarticuler, pas simplement le périph', mais cet anneau qui entoure Paris et qui se compose du boulevard, des terrains verts, des grands ensembles. Cette transformation doit s'effectuer sur les portes de Paris. Cela suppose des ouvertures, domestiquer, aménager, ses espaces ».

Pour ses quelques 100 000 riverains, le « périph », c'est avant tout du bruit et de la poussière. Les tours d'immeubles côtoyant des écoles, des maisons de retraite et des équipements sportifs, ça pose des questions en termes de santé par rapport aux personnes sensibles. Selon une étude de l'observatoire régional de santé d’Île-de-France, la proximité des axes à fort trafic routier est responsable de 16% des nouveaux cas d'asthme chez les enfants.

Couvrir le périphérique ?

La pollution provoque aussi des hospitalisations pour causes cardiorespiratoires et des décès anticipés. La situation est telle que la France est poursuivie par la Commission européenne devant la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) pour ses mauvais résultats en termes de pollution aux particules fines. Pour leur tranquillité, Bruitparif préconise de réduire la vitesse autorisée, en ne dépassant pas 50 km/h la nuit.

Le gouvernement a donné son accord à la Mairie de Paris pour abaisser la vitesse maximale autorisée sur le périphérique parisien de 80 à 70 km/h. A deux endroits, Porte des Lilas et Porte de Vanves, le périphérique a été couvert, augmentant sensiblement la qualité de vie du quartier. « On envisage de faire d'autres couvertures, mais ce sont des ouvrages très coûteux », qui se chiffrent en centaines de millions d'euros, commente Julien Bargeton, adjoint PS au maire de Paris chargé des transports.

Poursuivre le réaménagement des portes

Le maire de Paris vient d'inaugurer un nouveau jardin de 7500m² aménagé sur le périphérique parisien qui est ouvert au public à la porte de Vanves. D'autres projets, comme cette « forêt linéaire » qui doit voir le jour début 2014 le long du boulevard circulaire entre la porte de la Villette et celle d'Aubervilliers (19e), sont à l'étude pour cacher le périphérique et améliorer la qualité de vie de ses riverains.

Info en plus :
Paris, porte-à-porte :
un webdocumentaire de France Inter sur la route la plus fréquentée d'Europe


Bruno Poulard
(Sources : France Info, Mairie de Paris, AFP, France Inter)

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