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Une double coque en bois pour la cathédrale de Créteil

Publié le 24 septembre 2015

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A l’heure où l’Église catholique est en perte de vitesse, la nef de la cathédrale de Créteil a été entièrement reconstruite. Une situation moins paradoxale qu’il n’y paraît si l’on considère la « concurrence » de religions comme l’Islam qui, dans la préfecture du Val-de-Marne, et depuis 2008, peut s’enorgueillir de la grande mosquée Sahaba. Architecture Studio, qui compte déjà à son actif l’édification de l’église Notre-Dame de l’Arche d’alliance à Paris 15e, a imaginé cette reconstruction presque entièrement en bois.
Une double coque en bois pour la cathédrale de Créteil - Batiweb

Consacrée cathédrale du Val-de-Marne en 2003, la modeste église dessinée en 1978 par l’architecte Charles Gustave Stoskopf avait fait son temps. Sa nef de 5,50 mètres de haut et son architecture effacée, héritées de Mai 68 et du concile Vatican II, n’avaient jamais été modifiées avant que Michel Santier, évêque du diocèse, ne s’en remette à l’évidence : Notre-Dame de Créteil n’avait rien d’une cathédrale. Elle n’était ni assez visible dans le paysage urbain, ni assez grande pour des célébrations d’envergure. Et le père Marc Lulle, vicaire épiscopal, de justifier les travaux de reconstruction : « Une cathédrale, ça se construit, ça se modifie, ça se déploie ! C’est un commencement qui met en lumière ce qui se fait de manière cachée dans le diocèse ».

Coquillage dressé

En 2009, l’évêché, soucieux de l’usage et du symbole, charge Architecture Studio d’agrandir l’édifice cultuel. Avec deux objectifs : affirmer la présence de l’Église catholique en ville et doubler la capacité d’accueil pour la porter à 1100 personnes. Contrainte par les limites parcellaires, c’est vers le ciel que l’agence d’architecture internationale a imaginé l’extension de la nef. Partant du plan d’origine en forme de poisson, Architecture Studio a dessiné deux coques sphériques en bois de rayons de courbure différents sous lesquelles vient se glisser une mezzanine. L’ensemble culmine à 22,40 mètres. Une dimension somme toute modeste dans le tissu urbain de Montaigut que l’agence d’architecture a jugé opportun de relever par un clocher qui, installé sur le parvis, pointe à 44 mètres de hauteur.

Vu de l’extérieur, « l’édifice fait référence aux mains jointes de Marie en prière », selon Alain Bretagnolle, architecte associé en charge du projet pour Architecture Studio. Mais, au-delà de la métaphore religieuse, c’est surtout à un beau coquillage dressé auquel fait penser la nouvelle cathédrale de Créteil, bardée de carrelets de douglas prégrisaillé. Sobre et puissant, l’intérieur arbore 130 arcs en lamellés-collés d’épicéa, tous parallèles – et non pas rayonnants - malgré la surface sphérique des coques. Une disposition complexe qui a impliqué la réalisation d’arcs tous différents.

Propice au recueillement

L’espace intérieur est plutôt sombre, simplement éclairé par une bande de vitrage qui, à la rencontre des deux coques, traverse la nef d’est en ouest. Cette zone vitrée est, pour l’artiste Udo Zembok qui l’a conçue, une évocation de la Trinité. Colorée de bleu et de rouge, et entrecoupée de larges zones de verre clair, elle rappelle néanmoins de façon inattendue les couleurs françaises. Un effet - que l’on doit, semble-t-il, à un bleu pas assez vert - qui ne nuit pas à une atmosphère propice au recueillement et à l’esprit d’ouverture de la maîtrise d’ouvrage, l’association diocésaine de Créteil, qui a souhaité adjoindre à la nef des espaces de programmes culturels.

Gérés par l’association laïque « Le Chemin des arts », une petite galerie d’expositions, une salle de conférence, un auditorium et un café littéraire ont en effet été réalisés pour rassembler les riverains et les amateurs d’art. Ces éléments de programme, qui montrent une Église souhaitant rayonner au-delà de ses frontières traditionnelles, ont permis à l’association diocésaine de Créteil de recueillir 1,4 million d’euros auprès de la municipalité et du conseil général. Mais, conformément à la loi de 1905, l’agrandissement de la nef a été financé par des dons et les fonds propres du diocèse. Les Chantiers du Cardinal, une œuvre d’Église qui, en Île-de-France, vient de s’illustrer en soutenant la construction de Saint-Paul-de-la-Plaine (Saint-Denis, arch. Patrick Berger et Jacques Anziutti) et de Saint-François-de-Sales (Boulogne-Billancourt, arch. Brenac & Gonzalez), ont ainsi apporté un million d’euros sur les 9,6 millions nécessaires à la réalisation du projet. Une contribution à laquelle se joignent notamment celles, plus modestes, de l’entreprise générale Léon Grosse et du cabinet Architecture Studio qui n’ont pas souhaité communiquer de chiffres précis.

Tristan Cuisinier

Crédit photo : Yves Mernier

Fiche technique :

Maîtrise d’ouvrage : Association diocésaine de Créteil
Maîtrise d’ouvrage déléguée : Chantiers du Cardinal
Maîtrise d’œuvre : Architecture Studio (architecte mandataire), Atelier T/E/S/S (structure et enveloppe), Louis Choulet (fluides), AVA (acoustique), 8’18’’ (concepteur lumière), Eco Cités (économiste)
Calendrier : 2009 (esquisse), 2015 (livraison)
Coût : 6 M€ HT (hors mobilier liturgique)

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