Shigeru Ban, l'architecte du post traumatisme
Les autorités chinoises se disaient bien préparées aux tremblements de terre. Elles ont néanmoins fait savoir qu'elles avaient besoin de 3 millions de tentes supplémentaires. Et si, au lieu de tentes, elles recevaient des maisons de papier?
Matériaux recyclés, rapidité de la construction, simplicité, coût minimal. Cet esthète parvient même à générer une certaine beauté dans son architecture d'urgence. Exemple: ses abris provisoires conçus en 1995 pour les sinistrés du tremblement de terre de Kobe au Japon. Faits de cageots jaunes de bière Kirin remplis de sable, ils étaient plus que décents, ils avaient fière allure.
On a vu Shigeru Ban intervenir ensuite, avec d'autres constructions originales, au Rwanda, en Turquie, en Inde.«La façon dont les architectes servent la société, en particulier, les minorités, peut jouer un rôle important dans la détermination de notre époque, dit-il. Même dans des lieux de catastrophe, je veux, en tant qu'architecte, créer de belles constructions, émouvoir les gens et améliorer leur vie.»
Son engagement aux côtés des démunis lui a valu de devenir commissaire pour le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés de 1995-2000. Il a fondé un réseau d'architectes bénévoles, le Volontary Architect's Network, et n'hésite pas à investir son propre argent.
C'est en éthicien que Shigeru Ban questionne l'architecture actuelle. Les ruines de béton armé de Kobe continuent à le hanter. Son oeuvre en prend le contre-pied.