Ô Sole mio ! Ô mon métro !
Et pourtant, le projet de ces travaux pharaoniques a été approuvé en 1997 par la Région Campane et le réaménagement des lignes urbaines est déjà bien entamé. La reconstruction partielle de la ligne n°1 et son extension d’un bout à l’autre de la ville en font l’axe principal autour duquel le reste du réseau va se construire. L’aménagement de ce premier trait a été un véritable exploit : Naples est une ville pluri millénaire et à chaque nouvelle galerie creusée correspondaient non pas un, mais plusieurs chantiers archéologiques majeurs. Jugez plutôt : en plein centre ville a été mis à jour un port entier datant du 2eme siècle av. J.C., avec un extraordinaire exemplaire de bateau phénicien de 13 m ainsi que sa précieuse cargaison (amphores de vins et huiles, statues en provenance du Moyen Orient et une pléthore de petits objets en bronze).
Pour valoriser et ouvrir au public ces ruines extraordinaires, l’aménagement souterrain de la nouvelle station « Municipio » (la mairie de Naples) va comprendre la construction d’un Musée de l’histoire de la ville souterrain. Jolie pirouette qui permet d’un seul coup de développer le réseau des transports sans rien sacrifier du patrimoine culturel… Au-delà de l’exploit que représentent tous les chantiers souterrains en milieu urbain dense, l’aménagement intérieur du métro napolitain est aussi une réussite. Tous les architectes italiens de renom (dont Gae Aulenti, qui a dessiné le musée du Quai d’Orsay, ou encore Alessandro Mendini et Domenico Orlacchio) ont participé à l’aménagement des stations. Emportés par l’ampleur du projet, ils ont proposé de les compléter par des œuvres d’art contemporaines jugées représentatives de la culture napolitaine. Ainsi, ils ont souhaité transformer l’ensemble de la ligne 1 en une sorte de musée moderne, lieu de rencontre entre les habitants de la ville et l’art.
Que du renouveau dans une ville construite en bonne partie sans aucun plan conducteur ! Tandis que des joyaux d’architecture voient le jour dans les souterrains, des quartiers entiers de la ville sont inhabitables. Reste l’énorme ampleur du projet régional : une fois hors de la ville les lignes seront extérieures et les travaux devraient être effectivement conclus d’ici 2011. Enfin, une des régions les plus densément peuplées d’Italie disposera d’un réseau de transport régional digne de ce non. Les chanteurs napolitains pourront alors s’époumoner sur la beauté du soleil qui se réfléchit dans la baie de Naples… et sur le beau métro tout neuf qui, peut-être, désengorgera un peu les rues du trafic endémique.