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La croisade de Margot Walström

Publié le 16 mars 2004

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Faudra-t-il un jour l’aval de Bruxelles pour planter un arbre en ville ? Nous n’y sommes pas encore. Néanmoins, à la lecture du programme de la Commission on devine Margot Walström, la Commissaire à l’environnement, prise d’une certaine démangeaison hégémonique.
La croisade de Margot Walström - Batiweb
Sous le titre « Vers une stratégie thématique pour l'environnement urbain », les 67 pages de son programme se proposent de piloter la stratégie environnementale des 500 villes de plus de 100 000 habitants de l’Europe des 25. Vaste programme ou rien n’est oublié, de l’air à l’eau, des bâtiments aux transports ou encore des plans d’urbanisme à la gestion des déchets. Mais qui trop embrasse mal étreint. Ainsi, selon le programme envisagé, la Commission se propose d’élaborer pour les 500 villes concernées une stratégie générale en 7 points reposant sur une modélisation des pratiques. Une projection qui sous-entend que dans l’avenir les villes verront sûrement s’abattre sur elles une pluie de directives.

A la lecture du document de Margot Walström on comprend l’urgence de l’intervention de la Commission en matière d’environnement : « Quelque 80% des citoyens d'Europe vivent dans des zones urbaines, là où les effets de nombreux problèmes environnementaux se font le plus sentir. Le bruit, la mauvaise qualité de l'air, le mauvais entretien de l'espace bâti, la mauvaise gestion environnementale et l'absence d'une planification stratégique entraînent des problèmes sanitaires et nuisent à la qualité de la vie urbaine ».

Une opinion lapidaire, qui justifie le niveau d’intervention de la Commission, à commencer par une vaste stratégie environnementale globale dont la nature sera décidée à Bruxelles. Pour mettre en œuvre ce chantier salvateur, les experts européens se sont d’abord longuement interrogés sur le rôle des villes. Leur réponse éclaire d’un jour neuf le sujet : « Les zones urbaines assurent de nombreuses fonctions pour leurs habitants et leurs usagers. Ces fonctions sont notamment l'habitat, l'emploi, l'accès aux biens et services, les activités culturelles et l'interaction sociale »…

Une fois cette réponse connue, les spécialistes européens ont divisé les villes en deux éléments distincts. D’un coté ce qui est « statique » comme les structures, le bâti, les rues et les espaces verts, les terrains (même vagues) et de l’autre, ce qui est « dynamique » comme l’eau, les gaz, les déchets, l’énergie ou encore les transports. Forts de cette méthode, les auteurs du programme se proposent de former les responsables et les élus des villes à la coordination de ces deux éléments. Les citadins pourront enfin sortir de l’oppressant désarroi né de leur incapacité à marier ces paramètres. L’eau pourrait enfin arriver dans les immeubles et les transports dans les rues.

D’autres constats peuvent aussi surprendre. Ainsi les experts relèvent que les raisons pour lesquelles une grande part de la population émigre vers la périphérie des grands centres sont dues majoritairement à une fuite devant la pollution. Le renouveau des coeurs des grandes métropoles et leur corollaire, la hausse des prix du m2 sont par conséquent allègrement ignorés. Autre détails, ces mêmes enquêteurs soulignent que les grands centres commerciaux installés également en périphérie sont la cause de fortes pollutions et qu’ils induisent une circulation endémique. Les experts proposent donc de les réduire de moitié ou à défaut de les ramener au centre des villes ou encore de les évacuer ailleurs (peut être à la campagne). Les entreprises sont, certes plus modestement, placées à la même enseigne. Elles ne figurent en tout cas pas dans la population idéale des villes. Le citadin de l’an 2015, à défaut de pouvoir travailler ou s’approvisionner, circulera donc avec fluidité dans une atmosphère saine.

Cette dernière sera en tout cas exempte de tous gaz d’automobile car le programme fustige la voiture et ses utilisateurs à longueur de paragraphe. Ceux-ci seront bientôt invités à ne circuler qu’en vélo ou en bus à condition cependant que ceux-ci soient durables. Cet adjectif constitue en effet la clef de voûte du programme. Associé à tous les sujets : transports, bâtiments, énergie...il finit par emmener le lecteur, même attentif dans un dédale de conjectures, au point que les auteurs eux-mêmes aient sentis quelques fois la nécessité d’en préciser la géométrie variable du sens.

Enfin, le projet de Margot Walström laisse entendre que dans un avenir proche, les directives de bonne pratique, notamment en matière de construction, de gestion d’espace ou de choix des modes de transports devraient réguler les actions des immatures habitants des villes qui n’ont pas su, malgré leurs expériences et leurs moyens, endiguer leur coupable anarchie environnementale. Les équipes de Bruxelles viennent donc à point sauver les villes d’une autodestruction annoncée. Il était temps…

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