Notre-Dame de Paris : les charpentiers montent à blanc le fût de la flèche
Le travail de charpente mené conjointement par les entreprises Le Bras Frères (Meurthe-et-Moselle), Asselin (Deux-Sèvres), Cruard Charpente (Mayenne) et MdB Métiers du Bois (Calvados), continue d’avancer. Après des mois des taillage en atelier commun à Briey (Meurthe-et-Moselle), l’assemblage à blanc du fût de la flèche de Notre-Dame de Paris vient s’achever, ce 20 juillet.
Mesurant 7 mètres de longueur par 7 mètres de largeur, sur presque 20 mètres de hauteur, le fût de la flèche se situe entre le tabouret et les étages ajourés. Il s’agit d’un des cinq composants de la flèche, sur lequel reposeront les étages ajourés et l’aiguille. Cet élément octogonal s’élèvera sur les hauteurs de la cathédrale dans les prochaines semaines, et plus précisément dès août selon Le Télégramme. Il prendra appui sur le tabouret, à travers un montage pièce par pièce, sur place.
Un montage à blanc au préalable est nécessaire pour s’assurer de la bonne exécution du fût. Car ce dernier se compose de 285 pièces, unies par 350 assemblages complexes. « Voire très complexes », selon l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, rien qu’avec le « noeud X », où 24 pièces se croisent.
« L’achèvement du fût en atelier annonce la progression dans le ciel de Paris de la flèche de la cathédrale. Cet ouvrage exceptionnel, qui est le fruit du savoir-faire des charpentiers porté au plus haut, sera achevé dans les prochains mois grâce à la mobilisation des entreprises de charpente que je remercie de leur engagement pour la réussite de ce chantier », se réjouit le général d’armée Jean-Louis Georgelin, président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris
Une opération qui « concrétise » la restitution de la flèche
Disparue dans l’incendie en avril 2019, le flèche est un élément architectural phare de la cathédrale, dessinée par Viollet-le-Duc. Ce « chef-d’oeuvre de charpente » est « composé d’un enchevêtrement d’environ 1 000 pièces de bois, connectées entre elles par plus de 2 000 assemblages », nous décrit l’établissement public chargé de la reconstruction du monument. La nouvelle flèche est reconstruite à l’identique. La technique appliquée est le « trait de charpente », tandis que le choix du matériau s’est porté sur celui d’origine : le chêne bois massif, tant pour la restitution des charpentes de la flèche, que les deux bras du transept.
« Nous avons préconisé une reconstruction de la charpente dans son matériau d’origine, notamment en raison du caractère authentique et durable du chêne, qui dispose également de la plasticité nécessaire pour supporter les contraintes de l’édifice. La flèche dessinée par Viollet-le-Duc était un ouvrage de charpente complexe, constituée de bois de taille exceptionnelle », justifie Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques.
Un millier de grumes de chêne sont passés entre les mains des charpentiers, depuis octobre 2022.
« La restitution de la flèche dessinée par Viollet-le Duc, qui se concrétise aujourd’hui par le montage à blanc du fût de la flèche, a nécessité un travail très précis de documentation et de recherche en amont sur le monument en lui-même », poursuit Rémi Fromont, architecte en chef des monuments historiques.
« En complément des relevés de la charpente, que j’avais eu la chance de réaliser en 2014 avec mon confrère et aujourd’hui associé Cédric Trentesaux, nous avons travaillé plus d’un an à documenter dans le détail la flèche, notamment grâce aux plans et aux épures du charpentier Bellu, pour préparer l’étape primordiale de sélection des arbres. Grâce à l’expertise de François Auger, architecte du patrimoine et Compagnon charpentier du devoir, nous avons pu fournir aux entreprises les informations nécessaires à la réalisation de leurs études d’exécution puis aux travaux de construction en eux-mêmes », explique-t-il.
Petit à petit, la flèche refait son nid, avec un achèvement de la charpente prévu fin 2023.
Virginie Kroun
Photo de Une : ©David Bordes - Rebâtir Notre-Dame de Paris