ND de la Consolation, la chapelle oubliée des victimes du cinéma
Le cinématographe : le nouveau don des pauvres
En cette fin de siècle où d’aucuns imaginent que le progrès, notamment scientifique, va nous offrir un avenir radieux, surgit une invention, le cinématographe, qui retient l’attention de ces dames. Et c’est ainsi que, rue Jean Goujon, dans le 8ème arrondissement, elles firent ériger une longue baraque de bois occupée par vingt-deux échoppes de style médiéval, décorées de tissus peints et d’oriflammes, au-dessus desquels était tendu un grand velum. Ici, officiaient 70 dames de la haute société. Et l’une de ces échoppes, de 9 mètres sur 4, n’était autre que la première salle de cinéma publique parisienne. Les problèmes de sécurité des lieux n’étant pas encore régis par Bruxelles, la baraque, goudronnée, prit évidemment feu à la suite d’une fausse manœuvre de l’opérateur dont l’appareil chauffait autant qu’un four. Les flammes se propagèrent en quelques instants brûlant et asphyxiant les nombreuses personnes qui tentèrent de fuir. Bilan du sinistre : 125 victimes dont 120 femmes. En mémoire, il fut donc décidé d’ériger une chapelle grâce aux dons des Parisiens. La construction de celle-ci fut confiée à l’architecte Albert Désiré Guilbert. Coincée entre deux immeubles, la façade, à laquelle on accède par un escalier à double révolution, est assez inhabituelle. Au-dessus du portail, on peut y lire une inscription : " Ne vous attristez pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance ". L’ensemble est d’inspiration baroque Louis XVI. L’intérieur est recouvert d’une belle marqueterie de marbre. La coupole, supportée par quatre lourdes colonnes de marbre gris, est ornée d’une peinture d’Albert Maignan. Derrière le maître-autel, dans un atrium spécialement aménagé en chemin de croix reposent, sous des cénotaphes, les victimes de l’incendie, mortes pour avoir trop aimé les premières images d’une invention dont l’avenir, vu les circonstances, était jugé fort compromis. Cette chapelle, baptisée Notre-Dame-de-la-Consolation, mémorial d’une catastrophe nationale, abrite aujourd’hui la Mission italienne et a été classée Monument historique en 1980. Quant aux parisiens, ils ont semble-t-il tout à fait oublié les premières victimes des magnifiques images de " l’entrée en gare du train de la Ciotat "…