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Les silos mutants de Marseille

Publié le 16 juin 2003

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Rarement une opération de réhabilitation aura été si spectaculaire. Témoins d'une époque coloniale révolue, les silos à riz du port de Marseille vont devenir la salle de spectacle la plus branchée de la cité phocéenne.
Les silos mutants de Marseille  - Batiweb
Les silos à riz du port autonome de Marseille, magnifiques bâtiments industriels édifiés en 1927 et agrémentés d'une tour en 1954, étaient voués à la destruction. Mais des voix se sont élevées pour sauver les bâtiments considérés comme un très beau témoignage de cette architecture coloniale industrialo-portuaire du début du siècle. Fort bien conçus, et surtout bien construits, leur réhabilitation ne posait pas de problème insoluble. Seulement voilà, qu'en faire ? Propriété du Port autonome de Marseille, celui-ci lançait, en 1999, un appel d'offres dont l'objectif consistait à imaginer un nouvel usage à cette superstructure de 57 énormes tubes de béton alignés sur le domaine public maritime. Un architecte marseillais, Eric Castaldi, saisit la balle au bond. Celui-ci mit au point un programme répondant aux nombreuses contraintes du cahier des charges : conservation de l'usage du sol au Port autonome, ouverture significative au public, fonction panoramique de la terrasse sur la mer. Restait à trouver l'investisseur et le maître d'ouvrage. Après de nombreuses démarches, la Sogima répondit favorablement à cette offre. Ainsi, début 2000, la filiale du groupe Perexia et l'architecte remportaient brillamment le concours lancé par le Port. Temple de l’agriculture, les monolithes coloniaux du port de commerce étaient dans l’esprit du prolifique architecte, voués à devenir celui de la culture. Après une période de consultations et réflexions tout azimut, c’est en 2002, qu’un permis de construire fut enfin accordé au projet.

Des silos à Culture
Séduit par la perspective et rempli d'enthousiasme, le maire de Marseille va jusqu'à qualifier le projet d'"Olympia avec vue sur la mer", alors que le public interrogé lui préférait la comparaison de « nouvelle acropole ». Il y a effectivement de cela dans la taille du projet et dans sa destination. Les silos nouvelles formules deviendront donc une salle de spectacle de 2 016 places bordée de plusieurs salles de répétition et d’un café-musique, le tout sur 12 000 m2 agrémentés d’une façade panoramique ouvrant sur la Méditerranée. Dans l'autre partie de la structure, l'architecte Eric Castaldi a imaginé d’installer 4 500 m2 de bureaux posés sur un sol artificiel. Soixante-dix places de parking seront logées sous l'édifice qui sera doté d'un double système d'ascenseurs et de tapis roulant. Le coût des bureaux est évalué à 60 millions d'euros, celui de la salle de spectacles à plus de 15 millions d'euros. Si tout va bien, ce nouvel ensemble devrait voir le jour fin 2005 début 2006. Les vieux silos à riz, symboles cylindriques et grisâtres de la fortune blanche venue d’Asie, seront alors consacrés comme le lieu emblématique de la vie culturelle phocéenne. Une perspective qui fera certainement pâlir d’envie les « Bobo » parisiens du quartier de l’opéra Bastille.

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