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Les noirs terrils du Nord deviennent des valeurs vertes

Publié le 23 février 2004

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Ils sont grands, ils sont noirs, et leurs silhouettes caractérisent depuis deux siècles les paysages plats du Nord de la France. Mais que faire aujourd’hui des mornes terrils, seuls témoins du passé révolu des ex régions minières ? Terrils SA se donne cinq ans pour trouver des acquéreurs pour ces futures collines vertes…
Les noirs terrils du Nord deviennent des valeurs vertes - Batiweb
Cela parait inconcevable : les terrils, ces grandes collines de déchets issues des siècles d’exploitation minière, sont à vendre. Dans le Nord Pas de Calais, l’Etablissement public foncier (EPF) vient de racheter Terrils SA, filiale des Charbonnages de France. L’EPF a désormais cinq ans pour mener à terme une délicate mission de portage foncier décidée par la Région, les départements et l’association des Communes minières. Cinq ans pour trouver les acheteurs de 129 terrils répartis dans 86 sites et représentant 1750 hectares de terrains plus pentus les uns que les autres.

Mais l’affaire n’est pas simple. Qui voudrait en effet acheter une colline de déchets de charbon, parfaitement stérile et porteuse en outre du triste souvenir d’une époque révolue? Comment, en d’autres mots, vendre ce qui n’a aucune valeur? Vue sous cet angle, la vente des terrils équivaut à se persuader que le sophisme qui dit « ce qui ne vaut rien ne sert à rien », mais qu’en revanche « ce qui a un prix sert à quelque chose », est une vraie solution commerciale. En termes clairs, le simple fait de les vendre leur donnera-t-il une valeur? Mais où trouver ces premiers acquéreurs un peu candides? Une seule réponse: les autorités locales. Dans les cinq ans qui viennent, 102 terrils sans vocation économique seront ainsi cédés aux deux départements du Nord et de Pas de Calais dans le cadre d’une politique de « trame verte » inscrite au contrat Plan Etat-Région.

La taxe départementale pour les « espaces naturels sensibles » leur servira à honorer les promesses de vente déjà signées auprès de Terrils SA. En effet, les deux départements vont essayer de transformer les sombres silhouettes en de rayonnantes coulées vertes. Ce qui n’est pas une mince affaire. A noter aussi qu’agglomérations et communes pourront acheter un terril dans le cadre d’une opération de renouvellement urbain. Enfin, l’EPF n’exclut pas d’en vendre à des particuliers ou à des entreprises!

Si ce projet apparaît pour le moins décalé (quelle sera la valeur nominale de vente d’un terril et sur quels critères sera déterminé le prix d’un terril « brut » non encore réaménagé), il ne sera pas néanmoins le premier du genre. A Rome, la colline du Testaccio est élevée sur des tonnes de débris d’amphores et autres déchets du port fluvial du Tibre. Aujourd’hui, si ce n’est sa structure géométrique, rien ne la distingue plus des autres collines naturelles de la ville. Courage donc aux élus du Nord. Dans quelques centaines d’années à peine leurs vertes collines pourront peut-être rivaliser, modestement certes, avec celles des Vosges !

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