Les musées de Marseille s'invitent dans les débats des grands chantiers !
Stefano Boeri n'a pas vu trop grand. Son bâtiment, qui marie verre, acier et eau, ne mesure que 6 000 m² et mixte les identités et les usages. La partie en porte-à-faux, de 40 mètres de long - la plus grande jamais construite - et les quatre étages qui y mènent, d'une superficie de 1 200 m², comporteront un espace d'exposition pouvant recevoir 1 350 personnes ainsi qu'une librairie-boutique. Quant à la partie inférieure, immergée sur deux niveaux, de 4 537 m², elle comprendra deux amphithéâtres de 450 et 120 places et des salles de spectacle.
Le public accédera au Centre par une esplanade entourant la darse, de plain-pied avec la promenade qui fait face au fort Saint-Jean. Coût du projet : 40 millions d'euros, « entièrement à la charge de la Région », a précisé Michel Vauzelle. Les travaux doivent débuter à l'automne 2008 et durer 30 mois.
« J'ai choisi de faire monter mon bâtiment à 19 mètres de hauteur, précise Stefano Boeri, exactement comme celui du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) de mon confrère Rudy Ricciotti, puisque les deux bâtiments doivent être voisins. »
Mais le MuCEM bat de l'aile. Depuis qu'en 1995 Jacques Toubon, alors ministre de la Culture, et Françoise Cachin, directrice des Musées de France en avaient lancé l'idée, et que, l'année suivante, Michel Colardelle prenait la direction du Musée des arts et traditions populaires pour préparer la transition, il n'avance guère.
Le MuCEM était, en effet, devenu une nécessité après la disparition de l'ethnologie au Musée de l'homme, la fermeture du Musée des arts africains et océaniens, et celle, prévue, des Ars et Traditions populaires (ATP). Il doit réunir les collections de la France rurale réunies par Georges-Henri Rivière aux ATP dans les années 1950, celles d'Europe du Musée de l'homme, et une partie des objets du Musée des arts africains et océaniens, plus le fruit de nombreuses collectes menées par Michel Colardelle et ses collaborateurs, pour coller de plus près à sa nouvelle vocation liée à la Mare nostrum. Au total, un million de pièces pour lesquelles Corinne Vesoni a commencé à construire d'immenses réserves dans le quartier de la Belle de Mai.