Le prix Pritzker 2017 attribué à trois architectes espagnols
Cette année, pour la première fois de son histoire, trois personnes ont été récompensées conjointement. Rafael Aranda (55 ans), Carme Pigem (54) et Ramon Vilalta (56) du cabinet catalan RCR Arquitectes, ont été honorés du prestigieux prix. Doté de 100 000 dollars, il leur sera remis lors d'une cérémonie à Tokyo, le 20 mai prochain.
C'est seulement la seconde fois que des architectes espagnols sont choisis, plus de vingt ans après Rafael Moneo, couronné en 1996.
Des racines bien ancrées
Les architectes ont fondé leur cabinet en 1988 à Olot, leur ville d’origine, résistant ainsi « à l’appel de la métropole », un choix qui leur a permis de « rester étroitement liés à leurs racines », souligne un communiqué.Ils ont conçu des bâtiments et lieux très variés, notamment des piscines, des installations sportives en extérieur, des restaurants, des bureaux, des bâtiments universitaires ; des projets qui ne peuvent être attribués à un seul partenaire puisqu'ils sont le fruit « d’un échange constant d’idées et d’un dialogue continu. »
Parmi leurs réalisations les plus marquantes en France, le musée Soulages de Rodez, un ensemble tout en lignes droites et en angles, avec des parois extérieures en acier qui s'est oxydé, pour donner à l'ensemble une teinte rouille ou encore « La Cuisine Art Center » de Nègrepelisse.
« Toutes leurs œuvres sont reliées au paysage environnant ». En effet, l’emplacement des bâtiments, le choix des matériaux et les géométries utilisées, n’est jamais laissé au hasard. « Leur travail montre un engagement sans faille dans un lieu et son histoire, pour créer des espaces en dialogue avec leur contexte », déclare Tom Pritzker, fils du fondateur du prix, cité dans le communiqué.
Un message teinté de politique
Le jury récompense ainsi un trio d’architectes qui a su répondre « admirablement et poétiquement aux exigences traditionnelles de l’architecture ». Par ailleurs, leurs réalisations, à la fois « universelles et locales » sont un symbole de réussite dans un monde globalisé qui parfois « inquiète ».« Nous vivons dans un monde globalisé où nous devons nous appuyer sur des influences internationales, les échanges commerciaux, des discussions. Mais de plus en plus de gens craignent qu’en raison de cette influence internationale, nous perdions nos valeurs locales, notre art local, nos coutumes », ont dit les membres du jury, cités dans le communiqué.
Pour eux, « Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vilalta nous disent qu'il est possible d'avoir les deux. Ils nous aident à voir que la réponse à la question n’est pas « l’un ou l’autre », et que nous pouvons, du moins en architecture avoir les deux : rester attachés à nos racines et s’ouvrir au monde ».
L’an dernier, c’est le chilien Alejandro Aravena qui avait reçu le prix Pritzker. A 48 ans, il s’était distingué pour « incarner le renaître d’une architecture socialement engagée ».
Rose Colombel
Photo de une : ©Javier Lorenzo Domínguez