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Le Musée du cristal Saint-Louis invite à la chasse au trésor dans un grenier de bois

Publié le 18 juillet 2007

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A Saint Louis, il est un lieu magique, c'est le grenier dans lequel sont rassemblés les pièces de la collection. Rangées sur de simples tables, des myriades de carafes, de verres à pied, de flûtes, de bougeoirs, de vases, de presse-papiers et de pièces d'art sculptées - transparents ou colorés,
dorés ou taillés, en série ou en exemplaire unique - scintillent dans la pénombre des combles anciens supportés par de solides charpentes en bois. Le contraste entre la rusticité du bois et la préciosité du cristal nous a saisi. Les objets accumulés retracent toute l'histoire de la production et du savoir-faire de St Louis. Ce grenier est la mémoire du site et l'esprit du musée.
Le Musée du cristal Saint-Louis invite à la chasse au trésor dans un grenier de bois - Batiweb
Inauguré le 25 juin, le Musée du cristal Saint-Louis, à Saint-Louis-Lès-Bitche (Moselle), est une oeuvre inspirée qui évoque autant les métiers du verre que la vallée vosgienne, conformément à la vocation de l'association Saint-Louis Cristal et Lumière en pays de Bitche, maître d'ouvrage du musée. Implanté au coeur d'une halle industrielle en regard de la route, le musée est une machine scénographique qui côtoie la production, tenue à distance des fours par les normes de sécurité. Cet ancrage au coeur de l'action est le premier acte fondateur des architectes. Le musée lui doit son nom, La Grande Place, en référence à l'organisation du travail autour des maîtres verriers. « L'ouvrage vient se poser sur la pointe des pieds à l'emplacement d'un ancien four creusé dans le grès et s'enroule décrivant un parcours en pente douce le long des présentoirs », commente Florence Lipsky. Entièrement réalisée en charpente, la construction est « une grande étagère en bois ceinturée de rampes sur les deux faces ». Le parcours s'effectue recto verso, donnant tantôt sur le vide central agrémenté de grands lustres étincelants à l'aplomb des fouilles, tantôt sur le bord extérieur, contre l'enveloppe en polycarbonate translucide qui habille le volume. Tout le dispositif muséographique est contenu dans cette boîte mystérieuse nimbée de plastique et reléguée en fond de halle, sorte de forêt perdue dans les nuages. « Cette boîte dans la boîte est désolidarisée des structures de la halle », précise l'architecte. Du grenier au musée Les architectes déclarent avoir puisé leur inspiration à la source, dans le grenier où sont entreposées depuis deux siècles les pièces historiques de la fabrique. « Nous avons été saisis par le contraste entre la rusticité du bois de la charpente et la préciosité du cristal qui scintille dans la pénombre des combles anciens des bâtiments du XIXe siècle », racontent les concepteurs, qui ont voulu restituer l'ambiance de cette chambre de cristal enfouie dans l'épaisseur du temps. Les pièces exhumées, environ 2.000 sur un ensemble de 7.000, ne sont pas dépaysées dans leur nouvel environnement naturel et spartiate. « Architecture et scénographie forment un tout indissociable. » Le lieu est construit dans une unité de matière et de lumière. Quelque 80 m3 de pin douglas issus des plantations vosgiennes ont été mis en oeuvre pour ériger la structure de cette étagère géante. La fibre en est partout présente, mais les assemblages en sont cachés pour ne pas capter l'attention. Cette structure orthonormée et sans apprêt se termine par une arborescence de bielles métalliques qui fixe la couverture nuageuse, également en polycarbonate. « Nous avons choisi ce matériau contemporain, brut et économique, pour ne pas entrer en compétition avec le cristal », explique Florence Lipsky, qui fait le rapprochement avec les verrières badigeonnées de la vieille halle. Un choix d'autant plus pertinent que cette enveloppe est disposée à l'abri, éludant ainsi problèmes thermiques et acoustiques. Le bruit continu des fours y est d'ailleurs perceptible, créant le fond sonore de ce musée jouxtant la production. Deux plongeoirs haubanés crèvent l'enveloppe pour donner un point de vue sur la halle, juste au-dessus du poste de contrôle à la sortie de l'arche de réchauffement. Histoire et savoir-faire Instructif, ce musée l'est autant qu'il est inspiré. « Les pièces présentées sont regroupées selon les différentes techniques de fabrication après un bref exposé de l'historique du site et des caractéristiques de base du cristal, ce mélange de silice, de potasse et de plomb, au moins 24 %, tenu secret par chaque fabrique », commente Roger Levy, président du musée et administrateur de la Saint-Louis. Des moniteurs vidéo disposés dans les étagères présentent en boucle de courtes séquences sur les différents savoir-faire, et d'autres, placés en bout des plongeoirs, rapprochent opportunément le visiteur des opérations effectuées auprès du four à coulée continue (fusion à 1.450 °C). Au terme d'un parcours d'une heure ou deux, le visiteur sait nommer toutes les techniques oeuvrées en ce lieu, du travail à chaud comme du travail à froid : le pressé-moulé, le soufflé-tourné, l'overlay ou couches successives, le décor filigrané, la gravure à la roue ou à l'acide, la dorure, la taille riche, les sulfures... Pièces ébauchées, pièces historiques et chefs-d'oeuvre jalonnent l'ascension, mêlant l'émerveillement au propos didactique. Le passé refait surface avec éclat, « de même qu'un moule de forme ne meurt jamais, susceptible d'être réactivé à tout moment, explique Roger Levy. La cristallerie en dénombre 15.000 accumulés depuis le XIXe siècle, et certains modèles sont suivis depuis leur origine comme le verre Trianon, fabriqué depuis 1834, ou encore Caton, le modèle préféré des ambassades, depuis 1860 ». Histoire et savoir-faire cohabitent sur l'étagère géante dans un ballet réglé par le scénographe Philippe Délis et sous la lumière froide des micro-spots dessinés par les architectes. Tout feu tout flamme, le cristal troue l'ombre du passé.

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